Avec « Aggrestsuko », embrassez votre metalleux intérieur

Corentin : Est-ce que vos chakras sont bien ouverts ? Ou fermés ? Je n’ai jamais compris quel était le but à atteindre... bref j’espère que vous êtes détendus, j’acceuille Benjamin Benoit, un expert en la matière !

Benjamin : Oui bien sûr ! J’ai, dans ma besace, une chronique qui ravira les petits et les grands, mais surtout les jeunes adultes fraîchement débarqués dans le monde du travail. Aujord’hui, je vous parle d’une série disponible sur Netflix. Un dessin animé pour adultes... qui s’appelle Aggretsuko.

[EXTRAIT 1]

B : Alooooors nous sommes dans un univers anthromophique, rempli d’humanoïdes à tête et propriétés d’animaux. Normal, nous sommes dans une autre création de Sanrio, la compagnie que vous connaissez déjà sans probablement le savoir puisque ce sont les auteurs d’Hello Kitty. ...Et de plein plein d’autres personnages, une cinquantaine. Mais avec Hello Kitty, vous cernerez le design d’Aggretsuko, très rond avec de gros gros traits. Aggretsuko, pour Aggressive Retsuko. Retsuko, c’est une panda roux de 25 ans, office lady célibataire dans une grande boîte japonaise lambda qui ressemble à toutes les autres boîtes japonaises. Elle est entourée de ses collègues Fenneko la fennec, Haida la hyène, littéralement son porc de boss, sa supérieure l’oiseau secrétaire (héhé)...

C : On est quelque part entre Bo-Jack Horseman et Zootopia donc.

B : Absolument. Mais ici c’est le scénario de ces petites saynètes qui sont importantes. Retsuko est une office-lady lambda qui croule sous le boulot, les injonctions sexistes de son boss, les injonctions de la société et du monde du travail, bref elle est lessivée. MAIS ELLE A UN SECRET. La nuit, elle va se réfugier au Karaoké du coin, pour s’adonner à un plaisir solitaire. J’espère que vous êtes bien réveillés... sinon c’est Retsuko qui va s’en charger.

[EXTRAIT BWAAAAAAAAAH]

B : Elle kiffe le DEATH METAL. C’est peut-être du sludge ou du doom, je sais pas trop, mais elle adore ça, et elle décompresse régulièrement de sa vie en hurlant sa peine chaque soir. C’est plus drôle que ça en a l’air... mais il y a un gros sous-texte, on va y revenir.

C : Avant d’y revenir, reposons-nous un peu la voix en parlant des origines de la série.

B : En fait il faut comprendre qu’Aggretsuko est plus ou moins un format inédit à Netflix, parce qu’elle est inspirée de la série Aggressive Retsuko, que les plus avertis ont vu tourner sur des réseaux comme Tumblr depuis une paire d’année. A la base cette série c’est une centaine d’épisodes d’une minute. Là, Netflix ne les a pas mutualisés, mais a commandé des épisodes longs d’un quart d’heure. Entre les deux versions, certains personnages ont plus ou moins d’importance, et là il est beaucoup plus simple d’établir des arcs entre les épisodes, des chutes, de l’exposition, tout ça tout ça.

C : Tu as donc parlé d’un sous-texte à la série. Alors allons-y pour le sous-texte.

B : Oui parce qu’on parle quand même d’une série comique sur la souffrance d’une Office-Lady. Au japon, quelques oeuvres parlent de ce qu’est être une OL. Le manga Lonely OL, très confidentiel, c’est que de la souffrance et du négatif en barre. Bien plus doux mais quand même très péchu, vous connaissez surement le roman Stupeur et Tremblements d’Amélie Nothomb. Là aussi on est en plein dedans. Vous pouvez mater le film avec Sylvie Testud. Toutes ces oeuvres racontent la même chose. La difficulté du travail, la pression sociale. Tu sais ce que c’est un gateau de Noël au Japon Corentin ?

C : Vas-y, explique, mais je sens que la métaphore ne va pas être éléguante.

B : Non, elle ne l’est pas du tout. Le gateau de Noël, après le 25, tu le jettes. Être une femme au Japon, après 25 ans, le mariage tu commences à sentir une pression. Tu vois ce que je veux dire ? Et cette série montre ce que des tas et des tas de femmes vivent là-bas : elle se tuent à la tâche, et n’ont aucun moyen d’avoir une vie sociale. Si elles ont des souci de moral ou des fragilités, le monde de l’entreprise va les broyer.

C : Heuresement, Retsuko est bien entourée. Les personnages sont savoureux.

B : Des persos très cool, tous avec des personnalités très variées. Dans ses collègues, on a donc Fenneko. Qui est très pince-sans-rire. Qui fait ahahahahahah. Haida, qui n’avait presque aucune présence dans la série originale, a maintenant le rôle de favori du fandom. Il a un petit béguin pour Retsuko. Sans compter Tsunoda la biche, qui joue beaucoup sur son coté pimbêche. Elle a des supérieurs très variès, certains sont nuisibles, d’autres cools. Le duo formé entre Washimi et Gori, deux cadres, est irrésistible.

C : Et on y fait quoi dans Aggretsuko ?

B : Ben... des situations stressantes, donc des tranches de vie au bureau. Des injustices au bureau, des diners entre collègues plus tendus qu’ils ne devraient l’être, des speed-datings... et la culture du dating bien spécifique du japon, telle qu’on peut la voir sur Terrace House, aussi sur Netflix. Et Aggretsuko est drôle. Un peu touchant parfois, mais surtout drôle. Et signifiant sur la société japonaise et un peu ce qu’est être un jeune adulte aujourd’hui.

C : Je crois qu’on a un début de réponse, mais est-ce cette série est conseillée par les Croissants ?

B : Oui parce que nul besoin d’être otaku pour mater Aggretsuko, ça parlera à toute personne majeure. L’animation est fluide et agréable, le propos plus profond qu’il n’en donne l’impression, le doublage au top ! Le français, l’anglais, le japonais... ils sont tous bien. Je préfère l’original ou l’anglais mais vous avez le choix.

C : Aggretsuko, c’est disponible sur Netflix, dix épisodes de 15 minutes qui s’enchaînent très facilement, et c’est recommandé par les Croissants. Bon, Benjamin, tu peux tout donner maintenant.

B : Aaaaah... ahhh... je devrais faire la même chose... BWWAAAAAAH MANGEZ VOS MORRRRRTS VOUS ME FATIGUEZZZZZZZZ BWAAAAAAAAAAAAH LES EMOJISSSSSS.