Dogs : l’émouvante série-documentaire sur les chiens de Netflix, loin du guilty pleasure
C : Lorsque Netflix a annoncé la sortie de sa nouvelle série-documentaire fin octobre, ça a pleuré dans les chaumières. Pour une fois, il ne s’agissait pas de meurtre ou de cuisine, mais de chiens, et plus encore, la relation entre les humains et les chiens. Dogs, en français, Nos Amis Les Chiens, est disponible depuis le 16 novembre sur la plateforme de streaming. Morgane Giuliani l’a regardé pour nous. Est-ce que ça va bien, Morgane ? Tu t’en bien remise ?
M : Ça va, mais j’ai connu mieux. Il faut dire que Dogs - on va garder le titre anglophone dans cette chronique - a fait vibrer toutes mes cordes sensibles. La série est composée de six épisodes d’une heure chacun, environ, ce qui m’a étonnée, je dois l’avouer, car je m’attendais à des formats courts d’une vingtaine de minutes, comme pour la série-docu Follow This, qui suit des journalistes de Buzzfeed à travers le monde. Une chronique sur le Brunch est d’ailleurs disponible à ce sujet. Du coup, on ne peut pas vraiment binge-watcher Dogs, sauf si on a six heures libres devant nous.
EXTRAIT 1
C : De quoi parlent ces différents épisodes ? Est-ce qu’ils sont liés ?
M : Pas du tout. Chaque épisode se suffit à lui-même, vous pouvez donc les regarder dans l’ordre que vous voulez. On découvre non seulement une histoire différente par épisode, mais en plus, elle se passe dans un pays différent à chaque fois. On va de la Syrie aux États-Unis, en passant par le Costa Rica et l’Italie. On imagine donc le budget assez colossal à l’oeuvre. Les deux premiers épisodes sont clairement les plus émouvants. Le tout premier s’intéresse à une famille soudée, qui s’apprête à adopter un chien d’aide, pour l’une de leurs filles, atteinte d’une forme grave d’épilepsie, avec des crises graves qui peuvent la faire mourir, car elle n’arrive plus à respirer. Le chien sera à ses côtés en permanence, capable de détecter le début d’une crise, et d’aboyer pour alerter ses parents. C’est donc l’aube d’une nouvelle vie qui s’offre à la famille, extrêmement touchante dans sa détresse et l’espoir d’une vie meilleure. On les suit partir à la rencontre du chien, dans un centre de formation pour canidés dédiés à aider des enfants handicapés. Là, chères auditrices et auditeurs, autant vous dire qu’il vaut mieux avoir des mouchoirs à portée de main.
EXTRAIT 2
C : Le deuxième épisode aussi, t’a particulièrement plu, je crois.
M : Je les ai regardés à la suite, et le changement de décor est frappant. On suit cette fois, un jeune réfugié syrien qui a trouvé asile à Berlin, où il étudie la programmation informatique. Il lui manque un être essentiel : son chien, Zeus, un superbe husky très bavard, qu’il n’a pas pu prendre avec lui. Il décide alors de demander l’aide de ses amis, qui n’ont pas pu partir de Syrie, pour rapatrier Zeus. L’épisode est un long suspense où l’on suit les tribulations de Zeus de la Syrie à la Libye. Là aussi, mieux vaut avoir des mouchoirs à proximité. L’épisode ne tombe pas non plus dans le pathos, c’est joliment filmé, de manière sobre, sans ralenti pompeux.
C : Regarder Dogs, ce n’est donc pas du guilty pleasure.
M : Pas du tout ! La réalisation est sérieuse, digne d’un documentaire tout ce qu’il y a de respectable. Celui du troisième épisode, un labrador aidant son maître, pêcheur et restaurateur sur le lac de Côme, est très, très beau. Il y a de nombreux plans au drone montrant les environs calmes en plein hiver, sous la neige et la brume. C’est vraiment magnifique. Et on apprend des choses ! Même dans l’épisode plus drôle sur une compétition de toiletteurs pour chiens aux États-Unis. On suit Kenichi Nagase, émouvant toiletteur japonais, souvent snobé au pays de l’oncle Sam pour son approche non-conventionnelle, qui consiste à rendre le chien le plus mignon possible, souvent en taillant le poil de la tête dans une forme arrondie. Vous avez forcément déjà dû voir des photos de chiens toilettés dans ce style sur les réseaux sociaux. “J’arrive plus facilement à communiquer avec les chiens qu’avec les humains. Avec eux, tout est plus simple”, explique-t-il.
EXTRAIT 3
C : Mais tous les épisodes ne se valent pas, malheureusement.
M : Si les deux premiers sont très forts en émotions, celui sur le labrador italien est moins prenant, et paraît plus conventionnel en comparaison. Pareil pour le dernier, qui suit une association faisant venir des chiens du Texas pour être adopté à New York. L’intrigue est centrée sur la boss de l’association, un peu montrée comme une illuminée. Le cinquième épisode semble au premier abord impressionnant. On débarque dans un immense chenil de trois hectares en pleine forêt, au Costa Rica. Mais l’épisode est trop long, les plans en drone de hordes de chiens courant finissent par être répétitifs. On finit par être mal à l’aise face à cette structure clairement dépassée par ses ambitions, pourtant très louables : s’occuper de chiens bâtards, laids, en mauvaise santé, qui sont rejetés.
C : “Les chiens ne nous font pas seulement nous sentir aimés, ils nous font sentir en sécurité”, déclare le producteur exécutif de la série, Glen Zipper, à Variety.
M : Il ajoute, à Entertainment Weekly : “Notre série-documentaire a été créée dans cet esprit : rendre hommage aux chiens et nous aider à comprendre que l’amour que nous leur portons est quelque chose que nous avons tous en commun. En comprenant cela, nous avons l’espoir que partager ces histoires nous aident à trouver d’autres manières de nous aimer les uns les autres.” La vie de Glen Zipper a changé en 2003 lorsqu’il a adopté Anthony, chiot maltraité qui risquait d’être euthanasié si personne ne venait le chercher d’ici trois jours. Une problématique expliquée dans le sixième épisode, d’ailleurs. Glen Zipper s’est ensuite beaucoup investi dans le refuge qui l’avait recueilli, avant de vouloir raconter ces formidables histoires d’amour, et d’espoir, entre homme et chien.
C’est ce que montre Dogs, qui s’intéresse à ce que l’un et l’autre s’apportent.
C : Si on n’aime pas les chiens, est-ce qu’on peut regarder Dogs quand même ?
M : Alors déjà : qui êtes-vous et quel est votre problème ? Bon, au-delà de la petite pique, pas besoin d’être un fan ultime de chiens ou d’être familier des documentaires de National Geographic pour être touché par Dogs. D’ailleurs, ça fait plaisir de voir un animal domestique recevoir un traitement documentaire de qualité, généralement réservé à des animaux plus exceptionnels. C’est sûr que si vous n’avez pas trop d’empathie, que les jolies histoires ne vous touchent pas, vous allez perdre votre temps. Mais un peu de bons sentiments, ça fait toujours du bien.
C : Dogs est disponible sur Netflix depuis le 16 novembre. Merci Morgane Giuliani et à très vite !
« Dogs » : une émouvante série documentaire, loin du plaisir du coupable
Netflix n’est pas étranger à l’exercice de la série documentaire. On a tous en tête des phénomènes aux sujets particulièrement sérieux comme « The Keepers » ou « Making a Murderer ». Mais cette fois-ci, c’est sur l’objet étonnant des chiens que la plateforme a jeté son dévolu ! Ça s’appelle « Dogs », « Nos Amis les Chiens » dans la langue de Molière. Avec Morgane Giuliani de « Marieclaire.frv», voyons ce que ça vaut !
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