Thomas : Il est de ces séries parfois inexplicables, difficiles et douloureuses à comprendre. The OA, disponible sur Netflix, est de celle-ci. Mais elle se regarde comme un tableau. The OA : partie 2 - pour ne pas dire saison 2 selon le souhait de ses réalisateurs - est arrivé sur nos écrans en mars dernier. Angèle Chatelier s’interroge et vous présente à cette occasion, ce qu’elle considère de son côté comme une oeuvre d’art. Bonjour Angèle.
Angèle : Résumer l’intrigue de The OA est ardu, délicat. Voire contre productif tant cette série est un luxueux puzzle, une carte aux trésors.
Une série sur laquelle ses réalisateurs réfléchissent depuis 2012. Et ses réalisateurs, ce sont Brit Marling et Zal Batmanglij (ch
Eux deux ont construit la série The OA comme un labyrinthe. Au centre, Prairie Johnson, interprétée par Brit Marling elle-même. Une jeune femme mystérieuse, disparue pendant sept ans qui revient brutalement en ayant retrouvée la vue.
(EXTRAIT 1)
A : Sauf que Prairie, qui se fait donc appeler OA pour “original angel” ou “ange originel” en bon français, aurait passé sept ans kidnappée par un dangereux psychopathe qui l’aurait fait mourir puis revenir à la vie des centaines de fois pour mieux comprendre les expériences de mort imminente.
T : Ca a l’air charmant, comme expérience de vie ! En tout cas, définition bien tentée !
A : Oui, car en réalité, vous l’aurez deviné, c’est bien plus que ça. The OA, c’est avant tout une oeuvre d’art, et c’est suffisamment rare en série pour le noter.
T : une oeuvre tout d’abord esthétique donc
A : Brit Marling est un peu un ovni, une indie dans le milieu de la réalisation. Pour preuve, son premier film Sound of My Voice a été présenté au Festival de Sundance - le principal festival américain de films indépendants - et nommé aux Independent Spirit Awards. Elle réalise plus tard, en 2004, un documentaire sur la relation entre Cuba et les Etats-Unis, à travers les yeux de deux ballerines et deux boxeurs.
Brit Marling a l’art et la manière de faire voir les couleurs, réellement. De les fusionner, les mélanger comme une peinture. Dans The OA, c’est flagrant : les plans sont presques tous encadrables.
Sur nombre de ses réalisations, Brit Marling a collaboré avec Zal Batmanglij. Son nom ne vous dit peut être rien comme ça et pourtant, il est membre du groupe de rock Vampire Weekend
(EXTRAIT 2)
De 2011 à aujourd’hui, sur trois projets différents, Brit Marling et Zal Batmanglij collaborent. Et avec eux, il faut s’attendre à une chose : un film, un court-métrage, une série, c’est d’abord une oeuvre. Et dans les oeuvres, il faut savoir recevoir la beauté. Pour ça, parfois, on s’ennuie, on tatônne. Notre cerveau divague, on ne sait pas où on nous emmène. Parfois, même, ça ne veut rien dire. Pour The OA, accrochez-vous, l’abîme y est remarquable. Mais l’intrigue parfois, oui, divague
T : c’est d’ailleurs le propre de cette série : son labyrinthe continuel
A : A Télérama, lors de la sortie de la première partie, Brit Marling déclarait, je cite : “Nous avons conçu un mystère”. Elle ajoute : ”Nous voulions que les téléspectateurs restent dans le noir le plus longtemps possible. The OA doit se découvrir sans savoir où l’on va”.
Personnellement, il m’a fallu deux visionnages de la première partie pour en comprendre les rouages, les mystères. Dans la seconde, c’est pire car une nouvelle intrigue s’ajoute à la première : un détective privé est missionné pour retrouver une jeune fille. Il découvre très vite qu’elle est reliée à un mystérieux jeu vidéo qui est lui-même relié à Prairie Johnson. C’est fou.
(EXTRAIT 3
T : il faut dire que la série s’attaque aussi à un sujet plus que mystique
A : Les expériences de mort imminentes, ou EMI. Lorsque la conscience quitte le corps. D’après une étude britannique gigantesque, réalisée sur 2060 patients, le cerveau continue de fonctionner quelques minutes après la mort. Alors, ceux qui en reviennent ont des choses à raconter.
C’est de ce postulat qu’est parti la série The OA. Et puis d’un autre : les capacités qui peuvent apparaître après ces expériences de morts imminentes. La possibilité de parler une nouvelle langue, avoir des talents artistiques… Pour Prairie, c’est le violon.
(EXTRAIT 4)
A : On dit aussi que les personnes qui en ont fait l’expérience dégage une énergie inexplicable. C’est mystique, incompréhensible et génial. La meilleure porte ouverte à un tas de scénarios. Les EMI, c’est ce qui serait arrivé à Prairie Johnson, d’abord dans son enfance, puis des centaines de fois à cause de son bourreau. Mais tout au long de la série, on ne sait plus très bien si on est dans le rêve, la réalité, le fantasme, voire la secte.
T : De quoi rameuter des fans désireux d’en trouver un sens
A : Tout à fait. The OA, c’est un peu la série où il faut y être initié pour comprendre. L’avantage, c’est que l’on a le temps. Les épisodes durent en moyenne une heure mais surtout, il semblerait que quatre parties soient au programme. Alors si comme beaucoup, vous n’avez pas encore eu tous les codes, les renvois et les clés du labyrinthe, il y a aura toujours de qui mieux comprendre...
T : Merci Angèle Chatelier. Je vous rappelle que la partie 2 de la série The OA est désormais disponible sur Netflix, n’hésitez donc pas à vous y plonger. A très vite !
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