La loi de Murphy existe-t-elle vraiment ?
Corentin : Vous avez tous connu cela : des périodes où rien ne va. Et où ça va de mal en pis. Pas un seul jour où il ne vous arrive pas une situation bien embêtante. L’ingénieur Edward Murphy en a fait un adage : tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal. Mais qu’est-ce que la loi de Murphy exactement et existe-t-elle réellement ? Angèle Chatelier s’improvise scientifique pour cette chronique consacrée.
Angèle : Vous voyez quand vous passez une ou plusieurs semaines bien nulles ? C’est ce qui m’est arrivé et qui m’a donné l’idée de cette chronique. J’ai déménagé, en arrivant je me suis fait voler mon vélo. Mon ordinateur s’est cassé deux jours après et mon canapé, aussi. La fameuse Loi de Murphy (EXTRAIT 1)
Comme Angèle dans son titre consacré. Mais je me suis interrogée : qu’est-ce que la loi de Murphy ou la loi dite « de l’emmerdement maximum ? »
C : On a tous entendu ces adages « un malheur n’arrive jamais seul », ou encore « jamais deux sans trois »…
A : La loi de Murphy est fascinante. Car en réalité - spoiler -, rien ne peut prouver qu’elle existe car par définition, la loi fait échouer toute expérience visant à l’établir. Vous allez comprendre.
La loi de Murphy serait née entre 1947 et 1949 aux États Unis. On teste alors à la base Muroc de l’US Air Force un projet pour tester la tolérance humaine à la décélération. Edward Murphy, après plusieurs tests, propose, en gros, d’attacher avec un harnais le chimpanzé qui ferait office de testeur. Sauf qu’un capteur aurait été monté à l’envers. C’est là qu’Edward Murphy, fustigeant son assistant, aurait déclaré : « Si ce gars a la moindre possibilité de faire une erreur, il le fera ».
L’adage premier de la loi de Murphy serait donc : s’il existe une infime possibilité pour qu’une expérience échoue, alors elle échouera ».
C : Mais c’est super pessimiste comme façon de voir les choses !
A : Oui, mais rendons ça moins triste. Prenons exemple de la tartine beurrée. Selon le physicien et mathématicien britannique Robert Matthews, une tartine qui tombe tombera le plus souvent du mauvais côté. Est-ce statistiquement vrai ? Peut-on vraiment le prouver ? Deux raisons rationnelle pourrait expliquer cela : d’un part, on peut s’accorder sur le fait que le côté où il y a le beurre est plus lourd que l’autre. L’autre, selon les scientifiques, serait la hauteur de nos tables : pas assez haute pour que notre tartine fasse une rotation complète pendant sa chute.
Cette théorie de la tartine beurrée permet de mettre en lumière ce principe que si quelque chose de mal peut se produire, cela arrivera. Et c’est un véritable adage philosophique sur lequel nous allons revenir.
C : Parce que comme si ça ne suffisait pas, la loi de Murphy impute aussi qu’un malheur n’arrive jamais seul
A : Tout à fait. Comme le chante Angèle, déjà en retard, qui se fait alpaguer par un mec qui veut la draguer et qui attend ensuite à la banque après avoir laissé passer mémé. (EXTRAIT 2)
C’est la loi de l’emmerdement maximum. L’écrivain Mark Twain, lui, l’écrit différemment. Il dit : « la catastrophe qui finit par arriver n’est pas celle à laquelle on s’est préparé ». En ce sens, oui, un malheur n’arrive jamais seul.
C : Mais ne faut-il pas distinguer le hasard de la probabilité ?
A : C’est la toute l’interrogation autour de la loi de Murphy. Serait-ce un hasard que la tartine tombe toujours du côté beurrée ? Ne serait-ce pas qu’un amas de coïncidences qui fait qu’en quelques jours, ils nous arrivent que des emmerdes ?
C : En réalité, et on s’en doutait Angèle... Tout ça, c’est psychologique !
A : Un événement négatif sera nécessairement plus marquant qu’un événement positif. Cela se traduit dans nos vies : on se souvient généralement plus facilement de la douleur d’un chagrin d’amour que les moments heureux de cette dite-relation.
Premier élément d’explication : si l’on échoue à plusieurs choses, on invoquera la loi de Murphy. Sauf que celle-ci ne se sera peut-être pas appliquée ! C’est que notre esprit s’y sera attaché plus facilement. Il pourrait très bien exister une loi de Murphy du bonheur, non ? Probablement, mais notre cerveau le prend moins en compte.
C : La loi de Murphy serait donc un adage très pessimiste
A : L’idée que oui, nous sommes conditionnés à ne pas nous contenter de ce que nous avons. Mais il y a un second élément d’explication pour expliquer notre faculté à invoquer la loi de Murphy selon les situations : celle du stress, bien connu des êtres humains.
Si une première erreur est faite, notre état de stress sera plus important et entraîne d’autres erreurs.
C : Il faut se déteeeeendre, quoi !
A : Si seulement. C’est surtout là que vient ce que je disais en début de chronique : la loi de Murphy se vérifie toujours, sauf quand on cherche à la vérifier. Ce sont des phases, liées au hasard, aux coïncidences, mais aussi parce que notre cerveau se focalise dessus. Alors oui, peut-être que si quelque chose de mal peut se produire, cela arrivera. Mais avec une telle conclusion, difficile d’apprécier son existence. Elle serait vaine.
Aujourd’hui, la loi de Murphy est plutôt prise sous un angle humoristique. Ma tartine tombe du mauvais côté ? Soit. Je me suis fait voler mon vélo, mon ordinateur s’est cassé et je n’ai plus un rond ? Soit. Mon esprit aura cette capacité à vouloir se focaliser dessus mais en réalité, il m’est arrivé des choses positives entre temps.
C : La loi de Murphy peut-elle devenir un précepte positif ?
A : Oui. Elle permet de ne pas oublier une chose primordiale : il est important de considérer toutes les possibilités dans n’importe quelle action. Que celles ci soient mauvaises, ou non. En ce sens, c’est aussi considérer que des choses bien peuvent arriver ! La loi de murphy ourrait donc avoir cet adage positif et nécessaire pour le mieux vivre.
Tout en oubliant pas de consacrer, aussi, nos idées aux choses heureuses qui nous sont arrivées.
C : Merci Angèle Chatelier pour cette explication sur la loi de Murphy. Si je comprends bien, il nous arrive forcément des choses négatives, mais notre cerveau va s’y attacher alors qu’entre temps, des choses bien nous arrive. Apprenons à les voir ! Merci et à très vite !
Entre psychologie et philosophie de vie : en terminer avec la loi de Murphy
Pas certain que Jacques Chirac connaisse la loi de Murphy, ou la loi dite de « l’emmerdement maximum », mais quand il disait que « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille », il n’en était pas vraiment loin. De la tartine qui tombe toujours du mauvais côté aux plus gros tracas qui émaillent nos journées, on décortique les ennuis en série avec Angèle Chatelier.
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