Corentin : Netflix, nouveaux codes, parents qui divorcent.. il parait que les jeunes ne croient plus à l’amour. on dit même que la fréquence de leurs rapports sexuels baissent d’années en années par rapport aux générations précédentes. Alors, Angèle Chatelier, nos « millenials » font-ils vraiment moins l’amour ?
(EXTRAIT 1)
Angèle : Les plus jeunes font-ils moins l’amour ou… le font-ils différemment ? Je tiens d’abord à rappeler ce qu’est un « millenial », car il représente un panel de générations bien large : toutes les personnes nées en 1980 et 2000.
L’âge du premier rapport sexuel n’a pas changé depuis des années : il se situe environ autour de 17 ans (EXTRAIT 2)
Une étude anglo-saxonne, elle, s’est intéressée à la vie sexuelle des jeunes britannique âgés entre 18 et 24 ans. Elle note que leur activité sexuelle… a baissé. Aux États-Unis, les chiffres de diverses études sont parlants aussi : 15% des millenials américains seraient encore vierges et 22% des 18-30 ans n’auraient pas eu de rapports sexuels dans l’année qui vient de s’écouler.
Mais alors déjà, pourquoi les jeunes feraient-ils moins l’amour ?
C : Allez, au hasard : Netflix ?
A : Netflix, ou tout du moins les écrans de manière globale. C’est l’une des raisons selon les psychologues, sexologue etc qui pourrait expliquer que les jeunes d’aujourd’hui fasse moins l’amour. Le téléphone, outil indispensable aujourd’hui et présent dans les foyers et moments d’intimités, provoquerait un obstacle au désir et à la sexualité. Mais il y a vingt ans, le problème était le même avec la télévision.
L’autre raison, plus sociologique, c’est que les jeunes d’aujourd’hui, principalement en Europe et aux États-Unis, partent de chez leurs parents plus tard. Difficile d’avoir une vie sexuelle lorsque ses parents sont juste en dessous de sa chambre.
C : Les jeunes de 18 à 24 ans aujourd’hui sont aussi nés dans les années noire du sida (EXTRAIT 3)
A : La façon de voir le sexe a en effet extrêmement évoluée ces dernières années. Dans Le Monde, le psychiatre et sexologue Philippe Brenot le montre : dans les années 50, on parle de sexualité de fécondité. Dans les années 70 elle est plus libératrice, c’est la libération sexuelle post-68. Sauf que dès le début des années 90, les relations sexuelles sont ébranlées par le virus du sida.
Le sexe, vu alors comme quelque chose de libérateur était devenu une cause de mort.
C : De manière plus générale, les plus jeunes peuvent avoir aujourd’hui nettement moins foi en l’amour
A : En 2015, l’INSEE recense plus de 123 000 divorces. Il y en avait 116 000 en 2000.
Les plus jeunes d’aujourd’hui n’ont pas le même modèle familial qu’avant : beaucoup d’entres eux ont vu leurs parents divorcer. Difficile de croire au mariage dans ces conditions.
Mais, cela ouvre aussi sur d’autres questions : doit-on être fidèle en amour ou le sexe doit en être dissocié ? Peut-on aimer la même personne toute sa vie ?
Je vais reprendre la phrase de la journaliste spécialisée dans les questions de sexe, Maia Mazaurette. Dans Le Monde, elle dit : « Parce que nous ne comprenons pas la sexualité de la nouvelle génération, nous supposons qu’elle n’existe pas ».
Les jeunes, au lieu de moins faire l’amour, ne feraient-ils pas plutôt l’amour différemment ? (EXTRAIT 5 BA Bang Gang)
Dans son papier, la journaliste dénonce ces études et les potentielles excuses pour dire que les jeunes font moins l’amour. La faute au mouvement Me too et à la peur du consentement ? la faute des parents et surtout des mères qui surprotègent leurs enfants ? ou bien le fait que les ados soient plus égocentriques et narcissiques depuis l’arrivée des réseaux sociaux donc moins enclins à aimer l’autre ?
Que nenni, selon la journaliste. Les codes ont juste changés.
C : Par exemple, elle reprend un article du Journal of Adolescent Health de 2017. Dedans, il est dit que le nombre de 16-24 ans ayant déjà expérimentés des pratiques impliquant trois orifices différents, a doublé ces vingts dernières années
A : Le sexe n’est plus qu’un bon missionnaire chaque samedi soir, les jeunes réinventent le sexe et leur liberté et leurs désirs propres par la même occasion. Maia Mazaurette montre aussi que ces 25 dernières années, le nombre de Français ayant utilisé des sex-toys a été multiplié par sept. Qu’est ce que veux dire “faire l’amour”, alors ? Le faire avec une poupée sexuelle ou bien avec plusieurs personnes, sans qu’il y ait pénétration, est-ce le faire quand même ?
C : L’amour aussi, lui, se réinvente
Certains jeunes conçoivent que rester fidèle pendant 40 ans à une même personne peut être difficile. Ils créent donc un nouveau modèle d’amour : celui d’aimer plusieurs personnes en même temps ou de ne pas consacrer son temps à une seule. Prendre du bon temps, aussi, mais ne pas nécessairement se dire « être en couple ».
C : On commence à se détacher de ce qu’on a longtemps appelé “le devoir conjugal”, aussi.
A : Les précédentes générations ont lu dans les magazines qu’il fallait faire deux fois l’amour par semaine, quitte à se forcer. Faire plaisir à l’autre. La libération de la parole des femmes a aussi permis la libération du désir et savoir le montrer à son partenaire.
En conclusion, les “millenials” ne font pas nécessairement moins l’amour, il le font juste différemment. L’Amour avec un grand “A”, aussi, a évolué : il ne sont plus forcément dans des schémas triviaux de fidélité et mariage jusqu’à ce que la mort les sépare.
C : Merci Angèle Chatelier pour ces précisions sur la vie sexuelles des jeunes ! Et à très vite
0:00
5:39
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.