À défaut d’être un mouchard, on aimerait bien, parfois, être une abeille. Ainsi, un de ces jours printaniers, on pourrait errer l’air de rien dans les couloirs de la Commission européenne à Bruxelles. Les gentils technocrates qui sont tous pour la protection de la biodiversité trouveraient notre présence émouvante. Et puis, à force de butiner de plantes fleuries de bureau en jardinières de vestibule, on arriverait à se glisser par l’entrebâillement d’une porte dans une salle de réunion. Bien joué Maya ! C’est celle où se retrouve plusieurs fois par mois le ScoPAFF, un acronyme qui sent bon le nom d’un club de foot de campagne mais qui désigne en fait le Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale (soit, en VO, le « Standing committee in plants, animals, food and feed »). Et là donc, Maya découvrirait enfin qui veut vraiment sa peau.
Car oui, c’est au sein de cet obscur comité technique, connu de personne sauf des professionnels des arcanes européennes, que se joue en partie le sort des ouvrières. Ce mystérieux ScoPAFF décide des pesticides qu’elles vont, ou non, se prendre dans les antennes à leur passage de fleur en fleur dans les décennies à venir. Ce comité, composé des représentants des États-membres de l’Union et de la Commission, est en effet chargé de valider la refonte des procédures d’évaluation des risques des pesticides pour les pollinisateurs.