Alors le voilà. Le voilà celui qui, de son propre aveu dans Le Monde, a autorisé Alexandre Benalla à conter fleurette déguisé en policier aux manifestants le 1er mai place de la Contrescarpe. Le voilà celui qui a bien légèrement sanctionné Benalla d’une suspension de quinze jours et pas même d’une chiquenaude derrière l’oreille. Le voilà celui qui, du fait de sa position hiérarchique, aurait dû, au titre de l’article 40, informer le procureur de la République du bastonnage auquel s’est livré Benalla. Le voilà celui que tout désigne, voilà Patrick Strzoda, ci-devant directeur de cabinet du président de la République Emmanuel Macron, auditionné ce mardi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Son nom se dit « Stroda » mais depuis quelques jours, on le prononçait aussi « fusible ».
S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher.
C’était entendu : Strzoda allait sauter comme un plomb, victime expiatoire du système macronien, d’un Président qui aime à s’entourer d’un petit cercle de fidèles pour fonctionner en vase clos. Ce système qui a créé la créature Benalla, jeune homme monté trop vite et qui a explosé en vol, dont le goût pour la chose sécuritaire, si possible avec gyrophare officiel, lui vaut de supplanter les fonctionnaires dont la protection du président de la République est le métier. Ce ne sera pas le cas, pas tout de suite vraisemblablement. Car voilà que, sortant comme un lutin de la boîte où il se terrait depuis les révélations du Monde – pensez, il a même annulé sa venue sur le tour de France prévue ce mercredi –, Emmanuel Macron a parlé. C’était lors d’une fiesta de son parti. Au micro, piquant du doigt d’invisibles ennemis (les parlementaire ? Les journalistes ?), il a lancé : « S’ils cherchent un responsable, le seul responsable, c’est moi et moi seul. C’est moi qui ai fait confiance à Alexandre Benalla. C’est moi qui ai confirmé la sanction de mes subordonnés. S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher. » Évoquant « une déception » et « une trahison » après l’escapade de Benalla, Macron l’a a assuré : « Ça n’est pas la république des fusibles. »
Est-il au courant, Patrick Strzoda, à l’heure de son audition, de la future sortie présidentielle ? Face aux députés, ses réponses mettent des plombes à sortir, on a compté jusqu’à sept secondes. On voit nettement son cerveau en train de transmettre les mots à sa bouche : alors celui-ci ou plutôt un autre, attends je réfléchis, faudrait pas dire une connerie.