Il faudrait se résigner. Il faudrait se dire : allez, la page est tournée, les affaires reprennent, laissez les grandes personnes s’occuper de tout, ça va bien se passer. Il faudrait arrêter d’être sentimental et oublier cet homme qui, le 7 juillet à 20 heures, dans la seconde où sont apparus à la télévision les résultats des élections législatives annonçant la victoire surprise du Nouveau Front populaire (NFP), s’est écrié « On reste en France ! » depuis un café du XIXe arrondissement de Paris où logent Les Jours. Il faudrait le passer par pertes et profits, mais non.
Une rupture s’est produite, une rupture démocratique. Un : la formation arrivée en tête de quelques cheveux au deuxième tour a été privée du droit de former un gouvernement. Peut-être aurait-il sauté à la première motion de censure, mais c’est la vie démocratique, justement. Deux : deux mois après ce second tour où un front républicain contre l’extrême droite a limité la casse et cantonné le Rassemblement national (RN) à la troisième place sur les bancs de l’Assemblée nationale, c’est un de ceux qui a refusé ce même front républicain, Michel Barnier, qui est nommé à Matignon le 5 septembre par le président de la République (lire l’épisode 51 de la saison 1, « Le Barnier recours »). Trois : Emmanuel Macron a composé avec le RN, qui a accordé son onction à Michel Barnier sans le menacer d’une motion de censure automatique.