On se sent très isolé quand on est un travailleur sur Amazon Mechanical Turk, la plateforme créée par le géant du web pour mettre en relation des travailleurs et des employeurs ayant besoin de louer un peu de cerveau humain pour accomplir des tâches que les ordinateurs peinent à réaliser seuls. Tout le monde ou presque peut y accéder, mais le turker y avance à tâtons, sans pouvoir savoir avec certitude pour qui il travaille et à quoi servira ce travail.
Chaque Human Intelligence Task (ou HIT, le nom des tâches sur « MTurk », le sobriquet d’Amazon Mechanical Turk) va avec des explications plus ou moins fournies. Deux lignes suffisent parfois, mais certaines nécessitent deux pages de description et de précisions, voire carrément un tuto vidéo. Plus rarement, il y a un email pour poser une question, mais le turker en sera réduit la plupart du temps à interpréter ce qu’on lui demande, à se tromper, voire à ne pas réaliser la tâche correctement et donc à ne pas être payé à la fin. De même, les employeurs n’ont aucun compte à rendre : s’ils considèrent que vous n’avez pas fait le boulot dans les règles, ils peuvent ne pas vous rémunérer mais utiliser ce travail quand même.
Seule l’organisation de la foule protège un tant soit peu les turkers. Sur Turkopticon ou Turkerview, des sites créés par des travailleurs, les plus actifs d’entre eux notent les employeurs : la fréquence des tâches proposées, le salaire horaire, la rapidité du paiement et l’honnêteté.