Un an et huit mois plus tard, la Miviludes n’a plus de cheffe. Selon nos informations, Hanène Romdhane a annoncé avoir quitté ses fonctions ce mercredi. La nomination en avril 2021 de la magistrate à la tête de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires avait pourtant fait grand bruit. Mais sa démission est la conséquence logique des informations que nous avons récoltées depuis plusieurs semaines : l’institution traverse une crise majeure. La cause ? Elle est écrite noir sur blanc dans son dernier rapport, publié début novembre. Un rapport que l’ensemble de la quinzaine de personnes que nous avons contactées pour cette enquête juge de très bonne qualité, mais qui comprend dans son premier chapitre un passage franchement pathétique : en réponse à « l’intensification de l’activité » (plus de 4 000 saisines reçues, soit une augmentation de 86 % depuis 2015), les auteurs se félicitent du recrutement… d’un adjoint et de deux vacataires, qui complètent une équipe composée de sept conseillers et d’une documentaliste. Soit onze salariés, chefferie non comprise, qui portent la lutte contre les dérives sectaires en France. C’est déjà peu. Mais en réalité, ils sont même moins que ça. Car selon nos informations, les deux fameux vacataires, entre-temps embauchés en CDD, ont eux aussi annoncé leur départ. Le poste d’adjoint, lui, est vacant depuis début 2022. Une toute petite dizaine de personnes doit donc traiter 4 000 saisines par an, des saisines qui sont autant d’alertes parfois très sérieuses venant de proches de victimes ou d’associations (lire l’épisode 10, « Moi, coach et méchant »). À quoi il faut ajouter la formation de nombreux fonctionnaires et les campagnes d’information des citoyens.