Il se réfère à ses anciens camarades comme des « adeptes », victimes d’un « endoctrinement ». Au sommet de la pyramide, les leaders sont, eux, accusés de « manipulation ». Le récit de Moussa, 22 ans, est parsemé d’emprunts au champ lexical de l’emprise sectaire. « On a l’impression que c’est une secte, finit-il par lâcher au cours de notre entretien. C’est tellement compliqué d’en sortir que, pour moi, c’est la même chose qu’une secte. » Si ces allusions peuvent surprendre les non-initiés, elles ne doivent rien au hasard ni à la divagation d’un jeune esprit traumatisé. Dès 2007, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), créée cinq ans auparavant, alertait sur « les risques inhérents aux réseaux de vente multiniveau ». Des alertes réitérées dans ses deux derniers rapports, publiés respectivement en 2017 et en 2021.
« On observe des mécanismes d’endoctrinement similaires au mécanisme de l’emprise mentale », explique aux Jours Anne-Marie Courage, conseillère chargée du pôle affaires économiques, travail, emploi et formation professionnelle à la Miviludes. En 2020, l’organisme gouvernemental a reçu 120 signalements concernant la vente multiniveau ou le multi-level marketing (MLM), contre 61 l’année précédente. Ce sont le plus souvent des parents, des proches ou des professeurs des victimes qui s’en inquiètent. Depuis janvier 2019, les témoignages concernent plus particulièrement des groupes ciblant