Trois mois et demi après le début de l’affaire Théo L., on ne peut pas dire que les relations avec la police se soient améliorées d’un pouce dans les quartiers nord d’Aulnay-sous-Bois. Samedi soir, le stand-up de l’humoriste Zgary bat son plein, au Cap, quand la police nationale intervient juste à côté de la salle de spectacle. Deux personnes ont été repérées sur les écrans de vidéosurveillance : elles sont en train de tronçonner, à la disqueuse, le mât d’une caméra toute neuve. La mairie l’a installée à un endroit stratégique, à la fois point de deal et lieu où Théo L. a été interpellé et gravement blessé le 2 février dernier.
À l’arrivée de la police, les bûcherons urbains s’enfuient en abandonnant leur engin, tandis que les fonctionnaires reçoivent des projectiles et ripostent au lanceur de balles de défense (LBD). Un de leurs collègues de Seine-Saint-Denis (lire l’épisode 1, « Aulnay, cœurs à vif »), pas sur place mais très vite au courant, pense qu’il s’agissait d’un « guet-apens ». « Ils se sont mis sur les toits au-dessus de la caméra. Quand les poulets sont arrivés, c’était open bar. Jets de pavés et de pierres sur leur tronche. Ensuite, forcément, ils se sont senti du courage alors ils se sont regroupés et sont venus au contact. » Deux personnes sont arrêtées sur l’esplanade.
C’est dans cette ambiance confuse, vers 22 h 30, que le public commence à sortir du Cap. L’humoriste Zgary, qui n’a pas vu le début de l’intervention de police, serre des mains dans le hall.