Les cars scolaires larguent des dizaines d’enfants et d’adolescents devant le stade du Moulin Neuf, près de l’hôtel de ville d’Aulnay-sous-Bois. Pour cette journée de rencontre avec la police municipale, la mairie a vu les choses en grand : 1 300 gamins inscrits, la moitié des 79 policiers municipaux mobilisés, des jeux, de la place, des structures gonflables… Organisée en réponse à l’affaire Théo L., l’opération de com surclasse largement les tentes de sensibilisation qui se dressent parfois sur les places de villes moyennes, où des fonctionnaires droits dans leurs rangers distribuent des prospectus. Ici, les jeunes peuvent toucher du doigt le policier municipal, se battre au tonfa ou jouer au foot avec lui, grimper sur sa moto, enfiler son casque. À 10 ou 12 ans, on kiffe.
Adossés à l’une des voitures de service garées le long du gymnase, deux agents expliquent le fonctionnement de leurs armes à une bande de collégiens, mi-craintifs mi-curieux. La policière blonde à queue de cheval ouvre son flashball pour montrer les munitions – « Ça envoie de petites balles de tennis » – et répéter la formule consacrée : « C’est un peu comme le coup de poing d’un boxeur professionnel. » Un gamin ne s’en laisse pas conter. « C’est un modèle Super-pro ? » Le deuxième policier précise que la police municipale d’Aulnay-sous-Bois tire en moyenne « 10 à 20 cartouches par mois ». Laurent, 49 ans, est arrivé en 2003, après « quinze ans d’armée ». Lorsqu’il actionne son Taser au bruit caractéristique, tschzic-tschzic-tsczhic-tschzic, deux garçons ont un mouvement de recul. Laurent n’est pas forcément le plus diplomate des agents, mais il sait comment capter l’attention du groupe disposé en arc de cercle autour de lui. « Cette arme permet d’électriser quelqu’un jusqu’à sept mètres. C’est super efficace. Vous chopez une super grosse crampe partout. » Un doigt se lève. « Est-ce qu’on peut mourir ? » La policière se veut rassurante. « Non, mais après, on est un peu fatigué. » Avec précaution, Laurent dégaine ensuite son pistolet. Silence dans les rangs, sauf un petit en retrait : « Monsieur, c’est un Glock ? — Oui, vous vous y connaissez un peu ? C’est un Glock 17. » Une fois le nuage de collégiens reparti, le policier municipal résume : « Ce qui les intéresse, c’est surtout les armes et ce que ça risque de faire ; beaucoup moins les casques et boucliers. À cet âge-là, on se sent invulnérable… »

La police municipale d’Aulnay-sous-Bois a été créée en 1984, à la suite de « plusieurs faits divers », « notamment l’assassinat d’un couple de personnes âgées à leur domicile », rappelle un rapport de la chambre régionale des comptes.