Depuis qu’on a posé les bagages à Aulnay-sous-Bois, en février, les flics apparaissent en toile de fond, comme des personnages muets et hors d’atteinte. À commencer par les quatre agents de la BST mis en examen dans « l’affaire Théo L. ». Toujours sous contrôle judiciaire et suspendus, ceux-là laissent leurs avocats parler pour eux (lire l’épisode 8, « Théo L. et les policiers suspendus »). Mais que deviennent leurs collègues ? Eux qui prennent leur service tous les jours, retournent à la cité des 3 000, contrôlent, interpellent, mettent en garde à vue, après une affaire sur laquelle tout le monde a un avis ? Comment sont-ils reçus depuis quatre mois ? Comment répondent-ils aux critiques des habitants qui leur ont reproché des insultes, des claques, un tutoiement intempestif ? Ont-ils changé leurs méthodes d’intervention, reçu des consignes ? Recueillir leur témoignage était un objectif évident, essentiel. Mais les portes du commissariat nous sont restées fermées, et c’est loin d’être anodin.
Pour joindre des policiers d’Aulnay-sous-Bois, nous avons tenté trois méthodes. La première, bien dans les clous, consistait à demander une autorisation officielle de reportage auprès du service communication de la Préfecture de police de Paris. L’idéal, bien sûr, aurait été de pouvoir passer du temps au commissariat d’Aulnay-sous-Bois, de quelques heures à quelques jours. Raconter le boulot quotidien, faire le point sur ce qui a changé (ou pas) depuis le mois de février, revenir avec les fonctionnaires sur leurs relations avec les habitants. Nos demandes restaient assez larges pour espérer, au moins, un lot de consolation. Peut-être de simples entretiens.Avec François Léger, le directeur territorial de la sécurité publique en Seine-Saint-Denis, ou le commissaire d’Aulnay-sous-Bois, Vincent Lafon (voire l’un de ses adjoints). Il se trouve que le commissaire Lafon était d’accord, « partant du principe que nous n’avons rien à cacher », mais à condition d’obtenir l’aval de la com. Celle-ci a voulu lire quelques-uns de nos articles déjà publiés sur le sujet. Puis nous a fait patienter deux semaines avant de rendre sa décision, avec une économie d’explications exemplaire : « Avis défavorable » pour tout.
En parallèle, nous avons appelé quelques connaissances, des policiers de la sécurité publique susceptibles de nous mettre en contact avec des collègues à eux, en poste à Aulnay-sous-Bois.