Cela fait un an que l’affaire Théo L. a éclaté, en février 2017. Après la grave blessure de ce jeune homme lors d’un contrôle d’identité, Les Jours s’étaient posés à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, pour ausculter les relations entre la police et les habitants des quartiers nord de la ville. La série Outrage et rébellion a duré quatre mois, mais l’enquête suit son cours. Quatre policiers sont toujours mis en examen – l’un pour viol, les trois autres pour violences volontaires – et l’information judiciaire continue. Elle vise à établir leurs responsabilités respectives. Théo L. souffre toujours de séquelles physiques sérieuses. Une expertise est prévue pour évaluer s’il est victime d’une « infirmité permanente », une qualification qui a son importance devant la justice. À terme, le juge d’instruction chargé de l’affaire à Bobigny devra décider si tous les mis en examen méritent un procès, et si celui-ci doit se tenir devant une cour d’assises ou un tribunal correctionnel. Ce processus peut prendre encore plusieurs mois. L’actualité de ces derniers jours nous pousse cependant à rajouter quelques mots.
Vendredi dernier, Le Parisien révélait que trois des quatre policiers impliqués avaient récemment été réintégrés, à l’exception de celui qui est poursuivi pour viol. Suscitant l’indignation d’Éléonore, la sœur de la victime, qui s’est demandée sur Europe 1 « quel message on envoie à Théo » : « La réponse qu’ils nous apportent, elle est très claire : on est des riens du tout. Est-ce qu’on est juste un défouloir pour les policiers ? Pour des frustrés ? Parce que là, clairement, c’est eux qui salissent la fonction et c’est eux qu’on réintègre. » L’un des agents a repris du service en Seine-Saint-Denis – mais pas à Aulnay-sous-Bois –, un autre a été muté hors du département, le troisième est encore en attente d’affectation.
Comment se fait-il que ces policiers puissent à nouveau travailler, alors que la justice n’a pas encore statué ? Lorsqu’ils ont été mis en examen, en février 2017, les quatre fonctionnaires ont été placés sous contrôle judiciaire, avec un certain nombre d’obligations : ne pas communiquer entre eux ni avec Théo L., se plier aux convocations du juge d’instruction, ne pas se rendre à Aulnay-sous-Bois ou en Seine-Saint-Denis, selon les cas. La justice a également prononcé trois interdictions d’exercer contre l’auteur du coup de matraque et deux de ses collègues, des décisions qui s’imposent à leur employeur.