Paris, Golf-Drouot, un samedi soir comme les autres. La jeunesse s’amuse et se retrouve devant l’entrée du temple du rock parisien. Les looks sont soignés, ils sont Teddy Boys, d’influence anglaise, ou Fifties, inspirés de l’Amérique des années 1950. Une 403 garée devant le club crache un morceau de rockabilly. Les couples enchaînent une chorégraphie impeccable. Madj, pur style british– banane lissée au Pento, chemise à jabot, drape jacket aux bords de manches et col panthère – est là, bien planté dans ses Creepers. Il raconte la scène aux Jours : ça commence à sentir le souffre, mais la violence c’est pas son truc alors, à bonne distance, il assiste au début de l’embrouille entre Black Panthers et Del Vikings, deux sérieuses bandes de cogneurs. Les mecs s’invectivent, ça va partir et ça va faire mal. Généralement, ce genre d’histoire finit avec des points de suture, un coup de chaîne de vélo ou de poing américain. Mais un Viking ouvre le coffre de la Peugeot et distribue des fourches : fin du game. Bienvenue dans le Paris des années 1980.
Chaque génération chassant l’autre du pavé, ces rockers d’un nouveau genre ont ringardisé ce qu’il restait des Blousons noirs des années 1960 (lire l’épisode 3, « Blousons noirs, hoquets boomers »). Sans filtre, comme à son habitude, le photographe Yan Morvan résume ce qu’il en reste à des