Paris, Golf-Drouot, un samedi soir comme les autres. La jeunesse s’amuse et se retrouve devant l’entrée du temple du rock parisien. Les looks sont soignés, ils sont Teddy Boys, d’influence anglaise, ou Fifties, inspirés de l’Amérique des années 1950. Une 403 garée devant le club crache un morceau de rockabilly. Les couples enchaînent une chorégraphie impeccable. Madj, pur style british
Chaque génération chassant l’autre du pavé, ces rockers d’un nouveau genre ont ringardisé ce qu’il restait des Blousons noirs des années 1960 (lire l’épisode 3, « Blousons noirs, hoquets boomers »). Sans filtre, comme à son habitude, le photographe Yan Morvan résume ce qu’il en reste à des « marginaux et des paumés ». Le phénomène de masse s’est réduit à peau de chagrin au fil des ans, passant d’un style provocateur à un look plus sombre, des rockers au look crasseux, ornés de totenkopf et autres croix gammées. Nous sommes en 1975, dans une banlieue maudite de la région parisienne. Yan Morvan suit et immortalise Johnny, un Arabe de Montreuil se faisant passer pour Gitan, minorité plus blanche et plus acceptable pour ses potes, selon le photographe. Le sujet des bandes n’intéresse plus grand monde mais Paris Match finit tout de même par lui acheter un portfolio. « Les gars n’ont pas aimé, ils se sont pointés à mon ancienne adresse et ont ravagé l’appartement du locataire m’ayant succédé. » Le reporter assiste au passage du monde des rockers de la lose à celui du banditisme, l’asphalte se faisant le théâtre d’une guerre passée inaperçue aux yeux de tous, avec la création du premier « chapitre » Hells Angel’s à Paris.

En ce début des années 1980, au milieu de la nouvelle faune urbaine, deux bandes d’inspiration Fifties marquent les esprits : les Del Vikings et les Black Panthers.