Face au juge, le baron de Levallois tend l’oreille, pour être certain de bien comprendre les raisons de sa présence devant ce tribunal, lui dont l’honnêteté n’a jamais été prise en défaut. « Vous... vous avez un compte… heu… un compte… très caché. »
Quoi ! ? ! Soudain, son sang ne fait qu’un tour : il va donner une leçon à ce jeune impétrant. « Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme !, lance Patrick. On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme… en variant le ton
- Agressif : “Moi, monsieur, si j’avais un tel compte, il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse !”
- Amical : “Mais il doit gêner vos emplettes. Pour payer, faites-vous fabriquer un chéquier !”
- Descriptif : “C’est un numéro ! C’est un chiffre ! C’est un nombre ! Que dis-je, c’est un nombre ? C’est un algorithme !”
- Curieux : “De quoi sert cette exotique adresse ? D’écritoire, monsieur, ou de boîte à cigares ?”
- Prévenant : “Gardez-vous, votre main entraînée par ce poids, de signer trop d’ordres injustifiés !”
- Tendre : “Faites-lui faire un abri tropical, de peur que sa température en Suisse ne se fane !”
- Pédant : “L’animal seul, monsieur, qu’Houellebecq appelle Metsteslingosaufrigo, dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os !”
- Cavalier : “Quoi, l’ami, cette banque est à la mode ? Pour masquer son magot, c’est vraiment très commode !”
- Respectueux : “Souffrez, monsieur, qu’on vous envie, c’est là ce qui s’appelle avoir fortune en vue !”
- Campagnard : “Hé, ardé ! C’est-y un comte ? Nanain ! C’est queuqu’richard géant ou ben queuqu’people nain !”
- Militaire : “Pointez contre Bercy !”
- Pratique : “Voulez-vous le mettre en loterie ? Assurément, monsieur, ce sera le gros lot !”
- Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot : “Le voilà donc, ce compte qui des traits de son maître a détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître !