«Vous avez vu cette belle prise ? C’était hier, pour l’ouverture de la chasse… » Toujours déroutant Didier Schuller, lorsqu’en guise de présentation, il brandit sur son smartphone la photo de sa dernière proie : un beau sanglier tiré la veille avec ses copains chasseurs. « Bon, j’ai le pied en vrac, mais ça valait le coup. » Et de jurer : « Mais attention, je ne suis pas un viandard comme Giscard ! Moi, j’aime l’approche, la traque… »
Le voici notre traître en chef, celui qui a tout balancé aux juges (lire l’épisode 1, « Les Balkany en bloc ») : un affable retraité, amateur de bonnes tables à l’embonpoint de gourmand, fine gâchette dans sa « petite » chasse alsacienne de 200 hectares. Ce jour-là, il a le pied traînant, il s’est tordu la cheville en pistant sa proie. La chute de la maison Balkany, c’est son œuvre. La mise au jour de la somptueuse propriété de Marrakech – « un palais oriental luxueux », dira-t-il aux juges –, c’est lui. Un compte en Suisse au nom de Patrick Balkany à l’ABN de Zurich, encore lui. Alors, pourquoi est-il allé se confier à la justice ce 24 octobre 2013 ? « Ce n’est pas une vengeance, explique-t-il aux Jours, qui l’ont débusqué à Strasbourg au printemps, c’est un rappel à la loi de l’amitié. Il y a des principes : on ne piétine pas les gens qui vous sont fidèles. » Qu’a donc fait le baron de Levallois pour mettre son homme lige en colère ?
Revenons à l’affaire de l’office HLM des Hauts-de-Seine. Celui dont Didier fut directeur de 1986 à 1994 et Patrick, président de 1985 à 1998. Une affaire de financement politique circonscrite à la campagne de Didier pour conquérir la mairie de Clichy-la-Garenne. Conquête interrompue par sa fuite aux Bahamas puis à Saint-Domingue pour échapper à la justice : sept ans de cavale. Tel le fils prodigue, Didier revient en 2002 pour affronter son destin judiciaire. Trois ans plus tard, il est condamné quand Patrick, lui, est relaxé. Cinq ans d’emprisonnement dont trois avec sursis, peine réduite à trois ans dont un ferme par la cour d’appel de Paris en 2007. Une condamnation que Didier a eu beaucoup de mal à digérer.

En 2012, il est à nouveau titillé par le démon de la politique et souhaite repartir à la conquête de Clichy.