Quel culot, mais quel culot ce Balkany ! Ce 28 janvier 2015, George Forrest, industriel belge, est colère. Ou du moins fait-il semblant de l’être. Le député-maire de Levallois-Perret vient de le traiter de menteur lors d’une confrontation dans le bureau du juge Renaud Van Ruymbeke. Les deux hommes ont joué un numéro d’équilibristes vertueux dans le cabinet du magistrat instructeur, rue des Italiens, à Paris. Petit extrait de la passe d’armes :
Patrick : « Je n’ai jamais remis de numéro de compte à M. Forrest ni à qui que ce soit. Je ne connais pas ces comptes et sociétés. M. Forrest est un menteur. Je demande qu’on le mette en majuscules et souligné.
George : Lequel des deux est le menteur ? Je crois moi que c’est M. Balkany le menteur. »
De quoi parle-t-on ? De deux virements de 2,5 millions de dollars (soit 1,8 million d’euros à l’époque) chacun, les 22 et 29 juin 2009, partant du compte suisse de George Forrest à la AAM Private Bank pour aller vers le compte de la offshore panaméenne Himola à la Commerzbank de Singapour (lire l’épisode 8, « Didier Schuller, la machine à cafter »). En apparence, ce compte a pour bénéficiaire économique Jean-Pierre Aubry, le factotum de Patrick Balkany.
Question du juge Renaud Van Ruymbeke : « Qui vous a remis le numéro du compte d’Himola à Singapour ? » Réponse de Forrest : « M. Balkany lui-même, un peu avant les virements. Il me l’a noté sur un bout de papier. C’était à Levallois. Cela se passait dans son bureau à la mairie. Ce jour-là, à un moment donné, j’ai vu avec M. Balkany un autre monsieur, grand et fort, qu’il m’a présenté comme un collaborateur. Je crois qu’après, il est sorti et qu’il était absent lorsque M. Balkany m’a remis le numéro de compte sur un bout de papier. » Le monsieur « grand et fort » n’est autre que notre factotum et ancien basketteur, Jean-Pierre Aubry.