De Londres
«Let’s get Brexit done, but first let’s get breakfast done ! » Traduction : « Faisons le Brexit, mais faisons d’abord le petit-déjeuner ! » Il est d’humeur badine, Boris Johnson. Dans son éternelle veste mal ajustée, le Premier ministre conservateur, cravate à motifs autour du cou, affiche des cernes jusque par terre mais aussi une résolution pas vue depuis longtemps dans cette campagne. Il semble loin, le temps où le candidat, en visite dans une laiterie du Yorkshire, courait se cacher dans une chambre frigorifique pour échapper aux questions d’un journaliste. Très loin : c’était il y a deux jours. Ce vendredi, à l’issue des élections générales, le leader conservateur explose les compteurs de l’échelle Thatcher, avec une majorité à 365 sièges sur 650 députés (un par jour de l’année : le calendrier de l’avent du Brexit ? On s’égare), et voit se dessiner la sortie de l’Union européenne au 31 janvier. Petite friandise sur son Christmas pudding : les ex-députés conservateurs rebelles (lire l’épisode 2, « Pour Boris Johnson, c’est trois non par semaine ») devenus candidats sans étiquette ont été battus, tel Dominic Grieve.
Pendant son discours devant les militants conservateurs, le public reprend en chœur « Get Brexit done, get Brexit done ! » Faut-il attribuer la paternité de ce slogan à Dominic Cummings, l’âme damnée du Premier ministre ébouriffé, et auteur du fameux « Reprendre le contrôle » lors du référendum de 2016 ? Est-elle l’œuvre d’Isaac Levido, gourou des sondages des Tories et supposée révélation de cette campagne, acclamé par les militants ? En tous cas, le « Get Brexit done » a été répété en boucle, imprimé partout, y compris sur un mur de briques en polystyrène abattu à coup de minipelleteuse par Johnson lors d’un déplacement de campagne dans une usine.