De Londres
Le courriel est tombé opportunément ce vendredi 17 janvier, point final d’une semaine rythmée par les royales frasques du prince Harry, mais aussi par les carillons fantômes de Big Ben. De grands « bongs » dans le débat public, qui n’avait peut-être pas besoin de ça. « Bonjour à tous, écrit Lisa, du service de presse de Boris Johnson, au 10 Downing Street. Le 31 janvier est un moment significatif dans notre histoire, le Royaume-Uni quitte l’UE et regagne son indépendance. Le gouvernement entend utiliser ce moment pour soigner les divisions, réunir les communautés, et pour que nous nous réjouissions d’avance du pays que nous allons construire dans la décennie qui vient. » Et voici le programme : le 31 janvier, le gouvernement tiendra un conseil des ministres spécial en dehors de Londres, « dans un lieu du nord de l’Angleterre ». Le message : nous ne vous oublions pas, chers électeurs travaillistes qui avez tourné casaque et laissé tomber le Labour (lire l’épisode 11, « Le Brexit garanti avec conservateurs ») contre la promesse du Brexit et surtout d’investissements dans vos services publics (lire l’épisode 10, « Législatives : les promesses de Londres »).
Ça, Lisa ne le dit pas. Elle écrit plutôt : « Les ministres discuteront de la façon dont le gouvernement va répandre la prospérité dans toute notre grande union. » Au programme, également : mise en circulation d’une pièce commémorative, drapeaux au vent, discours du Premier ministre… Le n°10 s’égaiera aussi de jeux de lumière, dont une horloge qui comptera à rebours jusqu’à 23 heures sur les briques noires de Downing Street. Le message, cette fois : on n’a pas Big Ben, mais presque. Pourquoi presque ? Parce que la grande dame est en travaux en ce moment. Et que la faire retentir pour le « B-day » (comme Brexit) coûterait autour de 590 000 euros, « 50 000 livres le bong » (59 000 euros), a estimé Lindsay Hole, le nouveau président de la Chambre des communes, pourtant plus conciliant que son prédécesseur farceur, John Bercow (lire l’épisode 4, « Chez Boris, c’est soirée fiasco »). Comptez la restauration du mécanisme, les tests, la construction d’un sol temporaire dans la tour pour permettre le chantier, ajoutez le report d’autres travaux de restauration et BONG ! Facture maousse costaud. Qu’à cela ne tienne, Boris Johnson encourage les dons individuels, des cagnottes se montent, récoltent 227 000 livres (269 000 euros).