Mis en place dans les mairies lors de la crise des gilets jaunes, les cahiers de doléances sont désormais loin des regards, dans les archives départementales (lire l’épisode 1, « À la recherche des doléances perdues »). Les citoyens y interpelaient Emmanuel Macron. Cet été, « Les Jours » en publient des extraits, bruts.
«Aujourd’hui, je viens vers vous pour votre attitude scandaleuse et votre non-respect de ma personne, vous le gouvernement qui me représente en France comme à l’étranger et aucune excuse de votre part. Ensuite le pays est dans une situation plus que critique et vous le gouvernement, aucun effort de fait sur la diminution de vos salaires, des avantages. L’effort doit être fait de tout le monde. Il ne suffit pas d’être instruit mais surtout d’être intelligent. Ensuite diminuer les ministres, secrétaires, les sénateurs et surtout ne plus payer ceux qui ne se présentent pas au Sénat. Déjà des millions que nous gagnerons tous !!! Alors pourquoi aucun effort, toujours les gens d’en bas, pourtant du respect serait le bienvenu ???
Arrêtez de taxer les PME pour qu’elles puissent embaucher. Aujourd’hui, mon fils de 21 ans n’a pu trouver pour continuer son alternance en BTS STI2D un patron. Il cherche un emploi. Rien hormis des petits boulots de quelques heures. Voilà l’avenir que vous réservez aux jeunes. Moi, je vous souhaite de réfléchir, de respecter et surtout de nous écouter pour pouvoir remonter ensemble notre beau pays. »
«Quels sont les problèmes, les dysfonctionnements, les injustices dont vous souhaitez faire part (par ordre de priorité)?
Je souhaite dénoncer tous ceux qui ne savent que se plaindre et qui ne pensent pas à toute la chance que nous avons de vivre en France. Comparons à pas mal de pays dans le monde !
Quelles sont les solutions que vous proposez ou les idées que vous souhaitez voir approfondies ?
Qu’ils aillent bosser, ça les occupera. »
«Àl’âge de 5 ans, j’ai appris que j’étais gravement dyslexique. Venant d’un milieu aisé, j’ai eu la chance à l’âge de 14 ans de pouvoir partir en pension en Angleterre où le système était adapté pour les gens comme moi. Cette chance, 99 % des dyslexiques ne l’ont pas. C’est donc pour ça que je vous écris, à la main et sans correction. Les handicapés physiques ont des soutiens et des aides. Je n’ai jamais eu d’aide dans le système français que ce soit en école primaire ou au collège public comme privé. Le professeur se moquait de moi. En Angleterre, quand je passais des examens, j’avais le droit d’être dans une salle seul et de dicter à un professeur ce que je voulais écrire. Je trouve ça dommage que dans un pays développé comme le nôtre, j’ai dû partir car on ne pouvait pas m’aider.
J’ai aujourd’hui 23 ans, j’habite à New York où je suis rentré dans une très bonne école. Dans mon université, je suis considéré comme un handicapé. Si j’étais resté en France, je n’aurais jamais eu l’opportunité de choisir une filière qui me corresponde et probablement je n’aurais jamais eu le baccalauréat et le brevet.
Pour illustrer mon propos, je vous propose comme solution de reconnaître la dyslexie comme un handicap qui a besoin de soutien et d’aide dès le plus jeune âge. Je vous propose aussi pour les dyslexiques qui rentrent dans la vie active un système de tampon reconnu par le gouvernement qui indiquerait que la personne est dyslexique. Sur les emails, par exemple, ce qui permettra à la personne qui lit de savoir que ce n’est pas un enfant de 10 ans qui écrit mais une personne dyslexique.
Le système et les mesures comme les structures mises en place en Angleterre permettent à l’élève dyslexique d’évoluer de la même manière que tous les autres élèves. On m’a donné ma chance en Angleterre qu’on m’a refusé en France. J’espère que mes propositions seront d’une aide. Je sais que vous avez probablement des choses et des sujets plus importants. Cette lettre, je l’ai écrite en août et je vous l’ai envoyée en septembre. J’ai lu un article dans L’Obs. Je n’ai pas eu de réponse donc je profite de ce grand débat pour vous en parler.
J’espère que dans quelques années, je pourrai rentrer en France, être accepté pour qui je suis et être considéré comme handicapé dyslexique.
Je vous pris d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations respectives.
Paris, le 15 janvier 2019 »
«Monsieur le président de la République
Palais de l’Elysée
79 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Doléance concernant l’âge de départ en retraite :
Monsieur le président de la République,
Pâtissier-chocolatier, je suis né le 11 décembre 1964 et je suis entré en apprentissage le 1er septembre 1979. Cela fait donc près de quarante ans que je travaille et cotise pour ma retraite. Si je vais jusqu’à 62 ans, comme il est dit dans la loi, j’aurais cotisé quarante-sept ans et si je suis obligé d’aller jusqu’à 63 ans pour toucher une retraite à taux plein, j’aurais cotisé quarante-huit ans.
Trouvez-vous cela normal et égal alors que certains salariés peuvent partir à 50 ans ? Si c’est cela l’égalité inscrite dans notre devise, permettez-moi de ne pas être en accord avec cette interprétation.
Ma question est donc : que comptez-vous faire pour tous ceux qui sont dans le même cas que moi et répondre à notre inquiétude ?
Soyez assuré, Monsieur le président de la République, de ma haute considération. »
- Ne plus mettre de poubelles à proximité des portes d’immeuble. Au 65 rue de la rue M., la poubelle publique accrochée à un panneau de signalisation permet une accumulation quotidienne d’une très grande quantité de déchets, crottes humaines et animales, déchets alimentaires, plastiques, etc. Une porcherie. Dans les rues adjacentes, certains trottoirs sont des toilettes à ciel ouvert, rarement nettoyées par les services du IXe.
- Proposer des bennes à compost aux riverains qui soient réellement accessibles et (bien sûr) protégées. Le service proposé est une rigolade. Bennes cassées, ficelées de métal, sans aucun contact ou accueil. On se casse le nez avec ses sacs de déchets alimentaires autorisés !!
- Proposer davantage de poubelle jaunes, vertes et blanches. Au 65 rue de la rue M., deux poubelles vertes, une jaune, une blanche pour treize appartements. Ça déborde de partout.
- Arrêter de prétendre qu’à 2 200 euros de retraite, on est riche. 1 000 euros de loyer, 300 euros d’impôts (revenus plus habitation), 80 euros d’assurance, 70 euros de mutuelle + gaz + électricité + ordures ménagères + entretien chaudière ++++ aucune forme d’allocations. Que reste-t-il pour “vivre” modestement ?
- Arrêter d’opposer ruraux-citadins. Il y a autant de pauvres à Paris que dans les banlieues ou à la campagne.
- Obtenir que les dates de prélèvement de loyer soient adaptables. Le premier du mois, terme à échoir, je ne peux jamais payer mon loyer. Tous les mois, je reçois une lettre recommandée avec accusé de réception me menaçant de résiliation de bail car je paye vers le 25. Or jamais je n’ai payé mon loyer hors du mois en cours. »