Mis en place dans les mairies lors de la crise des gilets jaunes, les cahiers de doléances sont désormais loin des regards, dans les archives départementales. Coups de gueule, idées, encouragements : les citoyens y interpellent Emmanuel Macron. Cet été, tous les midis, « Les Jours » vous en partagent un extrait, brut.
«Monsieur le maire,
Comme vous le savez, l’Association des maires ruraux de France a décidé de mettre en place des cahiers de recueil des “doléances et propositions des habitants ruraux”. Dans ce cadre, je vous demande de bien vouloir transmettre les doléances ci-après.
Éoliennes
Les paysages de nos régions sont un patrimoine commun précieux qu’il convient de préserver. Ils attirent les touristes (et les retraités) qui viennent chercher dans nos campagnes la tranquillité, la paix et la beauté d’une campagne préservée. Les éoliennes industrielles dont la hauteur peut atteindre 240 mètres transforment les paysages de nos campagnes en paysages industriels. De plus, des sommes énormes et des privilèges exorbitants ont été accordés aux investisseurs et industriels de l’éolien (passe-droits en matière de réglementation sanitaire et environnementale, avantages financiers et fiscaux, limitation du droit d’expression et de recours des citoyens).
De plus, l’augmentation constante de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) qui finance ces avantages est catastrophique pour nos factures d’électricité. De plus, les propriétaires des maisons qui sont à proximité des éoliennes, lesquelles peuvent être installées à 500 mètres d’une habitation, sont ruinés. Leurs maisons perdent énormément de valeur, voire deviennent invendables. Leur cadre de vie devient un enfer qu’ils ne peuvent quitter. De plus, l’industrie française étant dans l’incapacité de fabriquer des éoliennes géantes, cette taxe sert de fait à financer des industries et des investisseurs étrangers. De plus, le vent étant un élément naturel imprévisible et irrégulier, les éoliennes ne produisent que 20 % du temps et doivent être adossées à des moyens de production émetteurs de CO2. Il est plus que temps d’arrêter cette folie idéologique des éoliennes industrielles que l’État central impose par la force à nos zones rurales.
Dotation globale de fonctionnement
La dotation globale de fonctionnement versée par l’État pour un Parisien est de 508 euros, pour un Goullois (habitant du village de Goulles, en Corrèze, ndlr) de 264 euros. Un habitant des zones rurales aurait-il moins de valeur qu’un habitant du XVIIIe arrondissement parisien ?
Suppression de la taxe d’habitation
Le gouvernement a décidé de supprimer la taxe d’habitation et de la compenser “à l’euro près” par une dotation de l’État. Les équipements collectifs d’une commune étant financés tout ou partie par la taxe d’habitation (transports, installations sportives et culturelles, etc.), qui, bien normalement, était plus élevée dans les communes les mieux équipées. Ainsi l’État fait un cadeau fiscal trois à quatre fois plus important à un habitant d’une zone urbaine très équipée qu’à un habitant d’une zone rurale où il n’y a rien. Les équipements des zones urbaines sont de fait financés en partie par les impôts et taxes des ruraux. Et pour financer ce cadeau fiscal, on augmente, entre autres, les taxes sur le carburant indispensable aux ruraux pour leurs déplacements. C’est une injustice fiscale envers les ruraux les moins bien équipés.
De plus, cette suppression et sa compensation par l’État permet aux communes qui furent dépensières à l’excès de voir leurs dettes remboursées par l’État. A contrario, les communes vertueuses qui ont géré les finances de leur commune avec une saine rigueur économique et dans le respect des deniers publics vont voir leur compensation de la taxe d’habitation plafonnée au niveau le plus bas. C’est une injustice fiscale envers les municipalités qui ont eu la plus saine gestion.
En vous remerciant par avance pour la transmission de ces doléances, veuillez croire, Monsieur le maire, à mes sincères et respectueuses salutations. »