Si, en 1992, entre le divorce de deux de ses enfants et l’incendie du château de Windsor, l’«annus» de la reine avait été, de son propre aveu, «horribilis», qu’en sera-t-il de 2021 ? Il y a un mois, Harry et Meghan, petit-fils et petite-bru, mettaient des petits bouts de monarchie partout en lavant à grandes eaux le linge familial chez Oprah Winfrey (lire l’épisode précédent, « Harry et Meghan, bouchers à la reine »). Et voilà que couic, le prince Philip. L’époux de la reine, 99 ans dont soixante-neuf passés deux pas en retrait de la plus grande daronne du Royaume-Uni, a filé à l’anglaise dirait-on, « peacefully », selon le communiqué officiel annonçant la nouvelle.
La principale qualité de Philip, le prince qu’on sort pour toutes les occasions, était d’être là, infatigable – jusqu’à il y a peu – pilier de la famille royale, champion de coupage de ruban, inlassable hisseur de petits enfants au dessus des barrières de sécurité afin qu’ils tendent leurs bouquets à la reine. Une vie passée au second plan, à être le « mari de », tenu à l’écart des documents officiels, relégué à l’éducation des enfants, aurait dû faire de lui le premier des féministes. Spoiler : non. Car le prince Philip restera pour ses saillies intempestives, un sens de l’humour bien à lui, où la misogynie figure en bonne place. « Vous êtes bien une femme ? », lance-t-il à une Kenyane qui vient de lui offrir un cadeau lors d’une visite d’État. « Ah, voilà le coin des féministes », balance-t-il à un groupe de députées travaillistes lors d’une réception à Buckingham. À une élève officier de marine qui lui confiait avoir travaillé dans une boîte de nuit, il demande : « C’était une boîte de strip-tease ? » Et les femmes de sa propre famille ne sont pas épargnées : « On dirait la chambre d’une cocotte », lâche-t-il, avisant les plans de la nouvelle maison du duc et de la duchesse d’York dans les années 1980. Une dernière pour la route ? « Quand un homme ouvre la portière de la voiture à une femme, c’est soit une nouvelle voiture, soit une nouvelle femme. » Merci Philip.
Les grimaces du jeune prince Philip lors d’un concours de dégustation de biscuits à l’école, date non déterminée
— Photo UPPA/Photoshot/via MaxPPP.
De même, ses origines étrangères auraient pu faire de lui un fier défenseur du métissage. Né à Corfou, il est issu de deux lignées royales, l’une grecque, l’autre germano-danoise, avec des racines remontant à la dernière tsarine de Russie et d’autres l’affiliant à l’empereur prussien Guillaume II.