Allez, allez, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, Lizzie. Encore deux ans et tu renvoies Louis XIV, soixante-douze ans de règne, aux oubliettes de l’histoire ; dix de plus et c’est Sobhuza II, roi du Swaziland pendant quatre-vingt-deux ans, que tu coiffes au poteau. Mais tout de même : le 6 février 1952, Elizabeth, deuxième du nom, accédait au trône à la mort de son père George VI, avant d’être couronnée reine du Royaume-Uni le 2 juin 1953, et soixante-dix ans après, elle est toujours là, 96 printemps au compteur. Ça se fête. Et c’est ce à quoi on s’emploie depuis ce jeudi outre-Manche et le début de la célébration du jubilé de platine. Un magnifique moment de fiesta monarchiste, certes, mais aussi, voire surtout, une occasion en platine, donc, de se mettre sur le toit quatre jours durant.
Déjà parce que Lizzie est en réalité à quelques jours seulement de dépasser son collègue thaïlandais Rama IX (soixante-dix ans et quatre mois), puisqu’en vrai, c’est le 6 février qui vaut : hop, une rasade de Pimm’s en l’honneur de ce record quasi dans la poche. Et aussi parce qu’il est fascinant, le spectacle d’une nation voisine s’abandonnant à une liesse génuflexe devant sa vieille souveraine : allez, deuxième tournée de Pimm’s. Enfin parce qu’Elizabeth II est, avec Son Altesse Jade, princesse du cœur d’Arnaud Lagardère, le totem de La cause du people qui ne pouvait décemment manquer tel événement : zou, un troisième Pimm’s. Et c’est ainsi que la chaîne britannique de supermarchés Waitrose annonce, à l’occasion du jubilé royal, une hausse de 260 % des ventes de Pimm’s, cet alcool typique des mamies anglaises à base de gin et de plante (la bibine, pas les mamies) dont nos voisins aiment à se repeindre en de telles occasions.

Pour mener à bien cet exercice de pochetronerie nationale, le gouvernement britannique accorde, comme à chaque jubilé, deux jours fériés accolés au week-end plus deux heures d’ouverture en plus pour les pubs, faut bien ça. Et depuis jeudi, c’est fiesta all the way. Au premier jour, c’était un défilé militaire (« trooping the colour ») avec bonnets poilus de rigueur et moult chevaux dont trois surmontés des princiers fessiers d’Anne et Charles (les enfants à Lizzie) ainsi que celui de William, son petit fils. Surtout, elle est apparue, enfin Elle. Sa majesté, au balcon de Buckingham, toute de bleu vêtue (un bleu tourterelle, nous précise la presse britannique) et flanquée de ce qui n’était pas feu son mari Philip exhumé de son caveau (lire