C’est une guerre sale, où les médias choisissent leur camp, une guerre d’usure, où le moindre recours sera fait et chaque argument exploité, une guerre d’héritage, les pires. D’un côté, il y a Laeticia Hallyday, la veuve. De l’autre, il y a les enfants de, comme on dit, précédents lits : David Hallyday, issu de celui de Sylvie Vartan, et Laura Smet, issue de celui de Nathalie Baye. Au milieu, lourde comme un cheval mort, il y a la dépouille de Jean-Philippe Smet, dit Johnny Hallyday, dont les deux parties – attention, on parle plutôt de clans – se disputent les oripeaux à franges country depuis sa disparition en décembre 2017, à Marne-la-Coquette. Ce mardi, la justice française a tranché, se déclarant compétente dans l’affaire du testament américain de Johnny Hallyday, qui a vu le chanteur mort déshériter ses enfants David et Laura au bénéfice de sa veuve Laetitia.
La guerre des Hallyday, vos serviteurs s’y trouvèrent plongés d’un coup d’un seul le 29 mars dernier, alors que s’achevait l’audience de ce procès. Deux consœurs, l’une d’Europe 1, l’autre de BFMTV, s’approchent d’un avocat pour lui demander « un petit mot ». Hervé Témime, car c’est lui, s’y prête volontiers, laissant tomber un sonore « Merde ». Puis le célèbre avocat précise sa pensée : « Merde aux médias. » Ainsi démarrait notre immersion dans la plus impitoyable des bastons people du moment, la plus pathétique aussi.
Car ainsi en va-t-il du people. Un jour, le nez au vent et d’un coup d’accélérateur, vous cramez l’équivalent de la production de CO2 de la Belgique au guidon de votre Harley sur la route 66 et le jour suivant, des avocats vous décortiquent le cadavre en public, ergotant sur la nationalité de vos os et le nombre de jours qu’ils ont passé en France au cours des dernières années, dépiautant vos factures et les allers-retours Paris-Los Angeles, avançant comme preuve irréfutable de votre citoyenneté française le ciment qu’encore vivant, on vous a coulé dans les hanches dans un hôpital tout ce qu’il y a de plus parisien. Alors que vous, vous venez de là, vous venez du blues. Toute l’audience et l’objet de ce procès-là – en attendant les multiples procédures qui suivront – tournaient en effet autour du dilemme suivant. Si Johnny était résident américain, alors il pouvait comme qui rigole déshériter ses lardons ; s’il était Français, alors non, pas possible : de ce côté-ci du rock’n’roll, c’est interdit.
Et c’est ainsi qu’on se retrouve à Nanterre, rue Pablo-Neruda (c’était pas une chanson de Johnny, ça ?), face à un Hervé Témime daubant sur BFMTV à qui mieux mieux.