Rocé disparaît souvent. On n’entend alors plus son rap tranchant et ses mots denses pendant quelques années. C’est son rythme ; il n’a pas besoin d’exister s’il n’a rien à dire. En ce moment par exemple, José Kaminsky – son vrai nom –, est entre deux albums et ne se produit pas sur scène. C’est pour cela qu’il est le dernier à entrer dans cette obsession Chant/contrechamp sur Les Jours. Dès le début, il a accepté d’en être mais impossible de le suivre en concert ou en studio. Rocé est dans l’une de ses disparitions.
Mais il est très occupé. En ce moment, il essaie notamment de venir à bout d’un projet qui l’occupe depuis plusieurs années : une compilation de chansons en français venues du monde entier. C’est politique en même temps que poétique
, résumait-il la semaine dernière dans les bureaux de son label Hors Cadres, installés au-dessus de La Maroquinerie, à Paris. Il affichait un grand sourire paisible autant qu’un air toujours très décidé, un bonnet posé au-dessus d’un visage qui traverse les années et les pochettes de disques sans afficher le temps. Regard clair sur taches de rousseur et barbe de quelques jours, corps ramassé : Rocé aura 40 ans l’année prochaine, mais il sera éternellement le grand frère posé du rap français.
Pour cette compilation, ses recherches musicales l’ont emmené en Afrique de l’Ouest ou dans la Martinique d’Eugène Mona… En ce moment, il cherche du côté du Maghreb. À chaque fois, il s’agit de dénicher