En ce 19 mars 2020, alors que la France vient tout juste de décider de se confiner face à la pandémie de Covid, le Jacques-Saadé, lui, effectue ses premiers essais en mer. Floqué du nom du fondateur de la CMA CGM, le navire est une vitrine à plus d’un titre pour la compagnie basée à Marseille. Plus grand porte-conteneurs battant pavillon français, le Jacques-Saadé est aussi le premier de l’entreprise à être propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL) – « LNG powered », dit-on en anglais, comme c’est écrit en gros sur la coque du navire, sur fond vert. Quelques mois plus tôt, lors de sa mise à l’eau au large de Shanghai, le groupe n’a pas lésiné sur la com, timelapse de la construction du moteur et valse de chiffres grandiloquents à l’appui. « Plus long que 4 terrains de football ou 5,5 Airbus A380», le Jacques-Saadé est aussi « plus gros que l’Empire State Building ou la tour Eiffel », peut-on lire dans le communiqué du groupe. Quant à sa cuve GNL, elle est « suffisamment grande pour y faire entrer la statue de la Liberté (sans le socle) », poursuit encore le document. Preuve que la course au gigantisme lancée depuis des décennies par les transporteurs maritimes de marchandises – des navires toujours plus grands, avec toujours plus de conteneurs à leur bord – est loin d’être finie, malgré les injonctions croissantes à la modération pour cause de changement climatique (lire l’épisode 1, « Les gains de la mer »).
Pour donner des gages de bonne conduite écologique, le secteur maritime carbure de plus en plus au GNL, facile à transporter sur les tankers.