Attention danger, sortie de barrage
Fin du monde. Chaque midi, « Les Jours » vous offrent une mauvaise nouvelle. Aujourd’hui, des eaux contaminées.
Vous vous souvenez du 25 janvier dernier et de la catastrophe du barrage brésilien de Brumadinho, déjà évoquée ici ? C’est bien
Vous vous souvenez du 5 novembre 2015 et de la catastrophe du barrage de Bento Rodrigues, dans le même État de Minas Gerais ? C’est mieux
Car c’est sur les conséquences de celle-ci que s’est penchée une récente étude
Mais reprenons plutôt ce que l’on sait, voulez-vous
L’« extractivisme » minier est un facteur majeur de déforestation au Brésil, et par là même aggrave le changement climatique
Le manque d’entretien et l’absence de contrôles dignes de ce nom ont provoqué les deux drames, derrière lesquels on retrouve une même entreprise, la multinationale brésilienne Vale
Le 5 novembre 2015, la rupture de deux barrages en remblai noie le village de Bento Rodrigues sous des dizaines de millions de tonnes de déchets de minerai de fer, tuant 19 personnes
La contamination, elle, suit le courant sur plus de 600 kilomètres : d’abord le rio Gualaxo do Norte, puis le fleuve Doce
On savait qu’elle avait laissé derrière elle des tonnes de poissons morts, des eaux polluées au plomb, à l’arsenic et au mercure, à tel point que trois ans plus tard, la pêche est toujours interdite dans de nombreuses zones de la région
Ce que l’on ignorait, c’est l’impact sur les eaux de l’Atlantique
Or, les travaux menés par le chercheur en biosciences Heitor Evangelista, de l’université de l’État de Rio de Janeiro, sont édifiants : les coraux de l’archipel des Abrolhos, à 200 km de l’embouchure du rio Doce, ont été nettement affectés par les métaux lourds de Bento Rodrigues
Pas au point de les faire disparaître, mais il n’est pas dit que des animaux n’en soient pas morts
Car, comme le signale un autre biologiste, Rodrigo Leão de Moura, dans un article paru dans Hakai Magazine, les Abrolhos, « c’est la barrière de corail avec la plus grande biodiversité de l’Atlantique Sud »
C’est aussi « la principale région de reproduction des baleines à bosse et une étape pour les tortues de mer et les oiseaux migrateurs »
L’archipel pourrait mettre des années à s’en remettre
À demain (si on tient jusque-là).