Dimanche 28 mai 1871. C’est dans les ruelles pentueuses du quartier de Belleville que sont tirés les derniers coups de fusil des combattants de la Commune jusqu’au milieu de l’après-midi, Prosper-Olivier Lissagaray nous raconte que « la dernière barricade des journées de Mai est rue Ramponneau. Pendant un quart d’heure, un seul fédéré la défend. Trois fois il casse la hampe du drapeau versaillais arboré sur la barricade de la rue de Paris (aujourd’hui rue de Belleville, ndlr). Pour prix de son courage, le dernier soldat de la Commune réussit à s’échapper ». L’histoire, pour belle qu’elle soit, appartient déjà au roman de la Commune. Le lundi 29 mai, la garnison fédérée du fort de Vincennes, 350 hommes et plusieurs officiers, se désarme et capitule à deux heures de l’après-midi, un tribunal militaire condamne à mort les officiers présents, ils sont fusillés à trois heures du matin, l’un d’eux, le colonel fédéré Delorme, interpelle l’officier qui commande le feu du peloton d’exécution : « Tâtez mon pouls, et voyez si j’ai peur. »
Ô brève Commune ! « Cette révolution qui passe, tranquille et belle comme une rivière bleue », écrit Jules Vallès le 26 mars, au neuvième jour de cette Commune qui n’en compta que soixante-douze, roule maintenant des flots vermeils. Il est peu probable qu’un jour soient exactement comptés les morts, victimes de la répression versaillaise lors de la Semaine sanglante.