Sans crainte des pavés de l’émeute, Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif, peut le promettre à l’Assemblée réfugiée à Bordeaux depuis l’armistice avec le chancelier Bismarck : il « a la ferme volonté d’en finir avec les faiblesses et les chimères de quelques hommes incapables de dire ce qu’ils veulent, troublent la cité par des entreprises criminelles ». Mise en émoi par les on-dit et les dépêches que le gouvernement fait afficher en province, une vive agitation a saisi l’Assemblée. Les bruits les plus alarmants tourbillonnent sur les bancs des députés : on parle d’une insurrection criminelle à Paris, de certains quartiers de la rive droite au pouvoir des insurgés. Joseph Vinoy, commandant en chef de l’armée de Paris, par ailleurs général stratège en retraites « victorieuses », demande un renfort de 40 000 hommes, « forces qui, jointes à la Garde nationale honnête de Paris et d’autres troupes régulières qui y sont encore réunies, comprimeront l’odieuse tentative ». Décidément bien inspiré, le rusé Thiers lui adjoint cette autre gloire militaire, le général Louis d’Aurelle de Paladines, nommé commandant de la Garde nationale, guerrier brutal, seulement habile à emprunter tous les faux-fuyants de l’art militaire, toujours défait, hormis ses razzias algériennes menées en faisant bombarder ses propres troupes à l’ardeur affaissée. À ces deux-là, la besogne de réduire la poignée de factieux, de couper les artères du cœur de la France qui bat dans « la poitrine des désespérés »
« Nous sommes 300 000 à veiller sur les canons… »
Le brutal général d’Aurelle de Paladines est nommé commandant de la Garde nationale, les insurgés du 31 octobre 1870 sont jugés, Paris rougit…
Texte et dessins
Éloi Valat
Édité par
François Meurisse