«Mais pourquoi n’a-t-il pas mis ses bottes ? » En visite dans une ferme bio de Seine-et-Marne, lundi 13 février, Benoît Hamon a revêtu un classique costume trois-quarts. Avant d’arriver, il a déposé une gerbe sur la tombe d’Ilan Halimi, en hommage au jeune homme de confession juive torturé et assassiné en 2006. Ses chaussures cirées brillent sur les chemins terreux et humides. Une journaliste du quotidien local s’en étonne, presque choquée : « Il ne joue pas le jeu, pourquoi ? » L’occasion rêvée pour Michel Pouzol, député socialiste de l’Essonne, de mettre en valeur la sobriété affichée par le candidat dont il est l’un des porte-parole : « J’ai vu des hommes politiques arriver en tracteur dans ce genre de déplacement. Ce n’est pas le style de Benoît de verser dans les artifices de com. » Depuis la primaire de gauche, le ton de la campagne de Benoît Hamon joue et surjoue la simplicité, sans surenchère de communication. Et le candidat entend conserver cette ligne pendant la présidentielle.

Dans son équipe, les violons sont bien accordés. « C’est un adepte de la tempérance. Il parle quand il a des choses à dire. Il ne privilégiera jamais la forme sur le fond », avance aussi son conseiller en communication, Franck Chaumont, qui travaille avec Benoît Hamon depuis son court passage au ministère de l’Éducation nationale, en 2014. Ce qui n’empêche pas le candidat, lors de cette matinée à la ferme, de poser avec un agneau dans les bras, sur fond de bêlements qui recouvrent le crépitement des flashes – l’image est un grand classique de la communication politique, notamment pendant le Salon de l’agriculture. Puis devant des sacs de pommes de terre, les pieds dans la gadoue, pour montrer qu’on laboure le terrain, au contact des Français. Vient le moment de présenter, devant un pupitre, dix propositions sur l’alimentation. Un sujet que l’ancien ministre délégué à la Consommation connaît bien, pour avoir notamment dû gérer la communication de crise, côté pouvoirs publics, lors du scandale de la viande de cheval, au printemps 2013. Le discours est long, trop technique. Benoît Hamon accélère, bafouille un peu, puis se reprend. Avant de repartir, il répond aux questions des journalistes. Solide sur le fond, il maîtrise ses dossiers. Mais sur les photos, le costume est mal ajusté. Et on le sent encore hésitant pendant la visite sur la bonne distance à adopter avec la presse, entre complicité d’usage et nouveau statut de présidentiable.
Il est accessible, les journalistes sont sensibles à ça. En même temps, il n’est pas obnubilé par ce qui s’écrit sur lui. Mais on verra dans les semaines à venir, une présidentielle peut rendre fou…
Porte-parole du PS de 2008 à 2012, puis de François Hollande pendant sa campagne présidentielle, « il connaît bien les journalistes, a un bon rapport avec eux », assure son chef de cabinet, Ali Rabeh.