À l’issue d’une semaine noire, quelques explications s’imposent. Pour la première fois depuis le début de sa campagne, Emmanuel Macron traverse une mauvaise passe. Son discours si bien huilé, parfois qualifié de creux, a connu plusieurs faux pas successifs ces derniers jours. Mais pas question pour son conseiller de l’ombre, Robert Zarader, de reconnaître la moindre erreur de communication de la part du leader d’En marche. « Emmanuel Macron veut instaurer le bras de fer avec le Front national. Il faut bien que quelqu’un le fasse ! », estime le communicant.
Mardi dernier, lors d’un déplacement en Algérie, Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » dans un entretien sur la chaîne Echourouk News. Ces propos ont provoqué l’ire des anciens combattants et des Pieds-Noirs, mais aussi de la droite et de l’extrême droite. Samedi soir, des militants du Front national ont bloqué l’entrée de son meeting à Toulon, qui ne comptait que 1 200 personnes alors que les organisateurs en espéraient 2 000. Pour tenter de désamorcer la crise, Emmanuel Macron n’a pas hésité à paraphraser de Gaulle… « Je vous ai compris et je vous aime », a-t-il lancé, soudain moins enclin à bousculer le camp d’en face. Au travers de sa barbe poivre et sel, Robert Zarader admet, tout de même, une « maladresse ». Dans les propos d’Emmanuel Macron, pas conformes à la définition de crime contre l’humanité au sens du tribunal de Nuremberg, « certains ont pu faire l’analogie avec la Shoah et c’est problématique », reconnaît-il.

Le communicant conseille Emmanuel Macron depuis le lancement de son mouvement, en avril 2016. Il préfère rester dans l’ombre, sans apparaître dans l’organigramme du mouvement, à l’inverse d’une Anne Méaux, qui a intégré l’équipe de campagne de François Fillon (lire l’épisode 1, « Scène de déminage »). Robert Zarader travaille bénévolement avec les politiques. « Je préfère conserver ma liberté », explique-t-il. C’est ainsi qu’il a accompagné François Hollande, dont il fut l’un des proches conseillers. Il adhère aujourd’hui pleinement aux choix de l’ancien ministre de l’Économie. Et, sur la colonisation, tente de tempérer : « Il propose des réponses intelligentes mais par moment complexes. Il voulait suggérer de dépasser les dissensions qui ne concernent plus sa génération. »
Mais la semaine dernière, Emmanuel Macron n’a pas seulement abreuvé ses déplacements et interviews de pensées élaborées.