S’il restait dans la salle quelques naïfs s’attendant à voir le lundi 11 mai tourner à une espèce de maousse orgie, leurs espoirs auront été vite douchés par Édouard Philippe. Montant à la tribune de l’Assemblée nationale à l’invite de son onctueux président Richard Ferrand (« La séance de ce jour est ouverte, ouverte aux espoirs… »), le Premier ministre a commencé par quelques gorgées d’eau. « Voilà donc le moment où nous devons dire à la France comment la vie va reprendre », a-t-il entamé, comme une voix off de son propre discours alors que, depuis des jours et des jours, chaque annonce gouvernementale, ou presque, est démentie par l’Élysée et vice versa, alors que le flou et les loups cohabitent dans la bouche du pouvoir. « Reprendre », c’est vite dit. « La vie », faut voir. Philosophie générale : « Un peu trop d’insouciance et c’est l’épidémie qui repart ; un peu trop de prudence et c’est l’économie qui s’enfonce. » Une « ligne de crête », a décrit l’équilibriste Philippe qui, en un discours d’à peine plus d’une heure et presque 50 000 signes, a donné sa méthode pour « rétablir un régime de liberté dans lequel nous devons fixer des exceptions ». Le fameux « en même temps ».
Ainsi, ce n’est pas en même temps que le pays se déconfinera le 11 mai. Tout le plan de sortie de quarantaine présenté par le Premier ministre s’appliquera en effet