Un coup d’œil à gauche, un autre à droite : personne. En ce début d’après-midi dans les jardins du Trocadéro, dans le XVIe arrondissement de Paris, il n’y a pas un chat. Pas étonnant en ces temps de confinement, mais on est jamais trop prudent. Et Grégoire Loïs, directeur adjoint du programme de sciences participatives Vigie-Nature au Muséum national d’histoire naturelle, n’aimerait pas qu’on lui pique le détecteur à chauves-souris qu’il vient de placer dans l’anfractuosité d’un rocher d’ornement. L’engin, qui comprend une carte mémoire, un port USB, un micro et trois piles est planqué dans une boîte en ferraille volontairement cabossée qui a jadis contenu du café moulu. L’opération, dans une capitale déserte, n’est pas si éloignée d’une mission du Bureau des légendes, version naturaliste.
Ce soir-là, à 20 h 30, l’appareil se mettra automatiquement en marche et captera jusqu’à 3 heures du matin toutes les émissions ultrasonores du secteur. Récupéré le lendemain matin, sa carte déchargée, ses données transférées sur un portail dédié et triées par des technologies utilisant de l’intelligence artificielle, il dira combien d’espèces de chauves-souris se sont égayées pendant la nuit au « Troca ». Alors, maintenant que les humains sont bouclés à double tour depuis plus de sept semaines, est-ce la fête pour Dracula ? Que dalle.