Cory Le Guen lit. En attendant son procès, il lit un livre qui requiert toute son attention. Ce jeudi 2 février au Palais de justice de Paris, une histoire d’abus de faiblesse sur une vieille dame est sur le point d’être renvoyée parce qu’un prévenu sans avocat panique. Quand la magistrate lui annonce qu’il risque trois ans de prison, il se décompose. Oui, il veut bien jeter un œil sur le dossier, murmure-t-il, livide, et revenir après la deuxième affaire du jour. Au premier rang, Cory Le Guen n’a pas un regard pour cet homme qui rougit et transpire. Lui est calme et serein. Il sort un stylo. Réfléchit. Annote une page, souligne un mot. Lève les yeux. Ah OK, c’est son tour. Il range l’ouvrage, se redresse et monte à la barre. C’est parti. Hier, le Sarthois dont Les Jours vous content les mille et une vies a été jugé pour la dix-neuvième fois, moins d’un an et demi après sa condamnation pour s’être fait passer pour le neveu de Brigitte Macron. Avant de vous livrer, comme promis, l’après-2019 et la rédemption de Cory-le-journaliste dans un prochain épisode, on a donc repris un ticket pour Cory-le-récidiviste.
Le natif du Mans se tient devant la 13e chambre correctionnelle du tribunal de Paris où il comparaît pour des plaintes déposées par deux sociétés libanaises, dont l’une l’a employé il y a plus de six ans. Il a décroché un non-lieu pour la majorité des faits mais reste poursuivi pour une paire d’escroqueries. D’après l’exposé fait par la présidente du tribunal, entre octobre 2015 et septembre 2016, il a transmis « une fausse attestation » à son employeur pour obtenir « le paiement de ses arriérés de loyers », un peu plus de 4 400 euros, payés par l’autre entreprise plaignante. Le second volet de l’affaire, qui prend toute la place, c’est ce « CV comportant des mentions inexactes » délivré en octobre 2015 afin d’obtenir un contrat de travail chez ce même employeur, pour le coquet salaire annuel de 75 000 euros.

Deux délits que Cory Le Guen reconnaît, mais minimise. Certes, il a menti sur son CV, mais comment être embauché sans bac ni diplôme ? « Ils auraient pu vérifier », ose-t-il. Oui, sauf que c’est aussi lui qui a envoyé les lettres de recommandation. Qu’importe, ce n’est pas cela qui a convaincu ses futurs patrons, mais plutôt sa personnalité et son entregent, il en veut pour preuve les cinq entretiens réussis et sa période d’essai raccourcie. Et puis, personne ne s’est plaint de son travail.