Après les laboratoires américains Pfizer et Moderna, après l’institut russe Gamaleya, c’est le géant britannique AstraZeneca qui a annoncé en début de semaine de bons résultats préliminaires de son essai clinique. D’autres annonces vont suivre : sur les 48 vaccins contre le Covid-19 en cours de développement recensés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 11 sont actuellement déjà bien avancés dans leur phase 3, la dernière avant la demande d’homologation auprès des autorités sanitaires. Moins d’un an après la découverte d’un tout nouveau virus, c’était inespéré. Comme l’a annoncé le président de la République Emmanuel Macron ce mardi soir, les vaccinations vont donc pouvoir commencer dès fin décembre ou début janvier. D’abord, a-t-il précisé, pour « les personnes les plus fragiles et donc les plus âgées » (lire l’épisode 16, « Redéconfinez-moi, mais pas tout de suite, pas trop vite… »). Mais comment fonctionnent ces différents vaccins ? Pourquoi ont-ils besoin de froid ? Que signifient ces chiffres d’efficacité dont rivalisent les labos ?
Le principe de base de la vaccination consiste à s’appuyer sur les défenses immunitaires naturelles du corps. Si un intrus (virus, bactérie, parasite) parvient à passer la première ligne de défense de l’organisme, c’est-à-dire le système immunitaire inné (qui produit une réaction inflammatoire), c’est le système immunitaire adaptatif qui est chargé de le neutraliser. Ce sont donc les globules blancs, notamment les lymphocytes B qui s’y collent. Ces cellules présentent à leur surface des anticorps, que l’on peut comparer à des millions de serrures de toutes formes, prêtes à accueillir toutes les configurations de clés envisageables. Quand un microbe circule, avec ses aspérités, ses petites « clés » de surface, il finit par rencontrer un lymphocyte arborant un anticorps-serrure qui lui correspond. Cet anticorps de surface s’accroche alors au microbe… et une riposte de grande ampleur se déclenche : le lymphocyte concerné se multiplie et se différencie en plasmocytes, qui se mettent à fabriquer à la chaîne des copies de la « serrure » en question, qu’ils déversent massivement dans le plasma sanguin. On les appelle les « anticorps circulants ». Ils se lient alors aux microbes qu’ils rencontrent, pour les neutraliser et les livrer à l’appétit dévorant des macrophages du système immunitaire inné.

Dans le même temps, le lymphocyte activé par le microbe se différencie en lymphocytes mémoires, qui constituent une base d’archives des défenses contre les pathogènes déjà rencontrés.