«Et alors, il a dit quoi, Macron ? » « Et mon attestation, je la brûle ? », « Et ma deuxième étoile ? » C’est un peu comme ces films dont la bande-annonce a été diffusée trente fois : ça vous coupe toute envie d’y aller, et quand vous finissez par les voir, eh bien vous vous rendez compte que le meilleur était dans la bande-annonce. Bref, Macron a rererereparlé. Édition spéciale post-annonces présidentielles du Journal de reconfinement, le fil d’informations vérifiées et validées par la rédaction. Et toujours en accès libre.
L’intro. On passera vite sur les remerciements d’usage délivrés par le président de la République. Big up aux personnels de santé et à tous les Français : « L’esprit civique dont vous avez fait preuve », « C’est tous ensemble que nous avons sauvé des vies », « Le pic de la seconde vague est passé », « Vos efforts ont payé », etc.
28 novembre. Houlala mais c’est samedi prochain, ça ! Ne vous réjouissez pas trop vite
15 décembre. Ça y est, le moment arrive où on peut sortir tout nus dans la rue pendant autant d’heures et aussi loin qu’on veut. Du moins si les contaminations sont tombées à 5 000 par jour (on est à 20 000 aujourd’hui) et le nombre de patients en réanimation dans une fourchette de 2 500 à 3 000 personnes (4 300 aujourd’hui). Le 15 décembre, ce sera le redéconfinement
20 janvier. Les cafés, les restaurants, les salles de sport, le retour au Macumba dont on pourra, en plus sortir, à 4 heures du matin torchés au Malibu puisque le couvre-feu saute à cette date : tout devient possible. Retourner au lycée en permanence ? Oui, le 20 janvier. À la fac ? Ah non, ça, il faudra attendre quinze jours de plus, le 4 février. Ce retour à l’à peu près normal est tout de même soumis aux conditions précédentes de contaminations quotidiennes (5 000) et de nombre de patients en réa (de 2 500 à 3 000). Comprendre : il va falloir être très très sages à Noël pour avoir droit au cadeau du 20 janvier.
Et la troisième vague ? Ah non, hein, ça commence à aller, et le Président aussi, il en a ras le kiki : « Nous devons tout faire pour éviter une troisième vague, tout faire pour éviter un troisième confinement. » Et les outils, figurez-vous qu’on les a, « chacun de nous entre [nos] mains », et ils sont trois. Un : « l’esprit de responsabilité de tous ». Mouif, on met des masques, on se lave les mains, on reste à distance et on continue à ne pas lécher les barres du métro. Deux : « tester, alerter, protéger, soigner ». Plus de tests, plus rapides (pas plus de 24 heures pour avoir le résultat), alerter avec l’appli TousAntiCovid (gnagna) : rien de bien neuf. Ce qui l’est plus et qui tarabuste l’exécutif depuis un moment, c’est de rendre l’isolement des personnes contaminées plus contraignant, par exemple dans des hôtels : « Je souhaite que le gouvernement et le Parlement prévoient les conditions pour s’assurer de l’isolement des personnes contaminées. » Et soigner ? Eh bien slurp-slurp, les professionnels de santé. Si on peut se permettre, Président, il faudrait peut-être commencer par ne pas se payer leur tronche avec le Ségur de la santé (lire l’épisode 14, « “Le Ségur 2 n’est que le recyclage de ce qui a été discuté en 2019” »).
Vaccin. « Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire. » Bon, tout est dit, sinon qu’Emmanuel Macron annonce la création d’un comité scientifique consacré aux vaccins contre le Covid-19, que devrait accompagner un « collectif de citoyens ». Le Président annonce, sous réserve d’un feu vert des autorités sanitaires, les premières vaccinations pour fin décembre-début janvier, d’abord pour « les personnes les plus fragiles et donc les plus âgées ».
Quoi qu’il en coûte, le retour. Il l’avait martelé lors de l’annonce de la fermeture des écoles en mars dernier (lire l’épisode 1 de notre série En quarantaine) et il a remis ça, mais en ne faisant que rappeler des annonces précédentes : les bénéficiaires du RSA toucheront 150 euros d’ici à la fin de la semaine et chaque famille recevant l’APL touchera 100 euros par enfant.
Un suppo et au lit. « Le retour à la normale n’est pas pour demain », a presque conclu le président de la République, terminant par une séance de motivation des troupes entre DRH pas très inspiré et coach de foot de la paroisse. Un peu de calinothérapie pour commencer : « Nous nous devons les uns aux autres beaucoup de bienveillance » (heu, toi d’abord, lisez donc notre article sur les violences policières survenues ce lundi). Puis de la grosse win : on va, figurez-vous, « inventer un nouvel avenir français ». Et même qu’« aujourd’hui, nous tenons ensemble. Demain, nous vaincrons ensemble ».
0 800 130 000. C’est le numéro vert à contacter 24 heures sur 24 pour toute question. Toux sèche, fièvre, nez qui coule ? C’est son médecin qu’il faut appeler et pas le 15, réservé aux détresses respiratoires. Et c’est aussi ce numéro qu’il faut aussi contacter en cas de difficulté à se faire tester.
Quand appeler le 15 ? En cas d’aggravation des symptômes accompagnés de difficultés respiratoires et signes d’étouffement.
Comment s’occuper pendant le reconfinement ? Puisqu’après cette allocution présidentielle il ne sera pas loin d’être l’heure d’aller dormir, poursuivons sur la même thématique avec In bed with Macron. Logique. Voici, en accès libre, le premier épisode de cette série qui tente de s’introduire au plus près de ce si médiatique président de la République.
Et après qu’est-ce qu’on fait ? On ne s’endort surtout pas car il vous 44 épisodes d’In bed with Macron à lire : au menu, les coulisses des impitoyables affrontements entre le président de la République et la presse chargée de le suivre, la révélation toute honte bue des conversations « off the record », le récit embedded des caravanes de journalistes lors des déplacements présidentiels, des petits fours à l’Élysée, Laurent Delahousse et Nemo le chien. Le tout, mesdames et messieurs, pour le seul prix d’un abonnement aux Jours !