Ces derniers mois, l’horizon de Maxime s’est rétréci jusqu’à s’ajuster à la largeur des murs de sa chambre, dans un appartement de Montpellier (Hérault) partagé avec deux colocs. « Je vis dans la même pièce tout le temps. Mon espace privé est mon espace de travail », décrit l’étudiant, bientôt 20 ans, en deuxième année de langues étrangères appliquées. Son ordinateur en est le centre de gravité. « Je suis sur mon PC pour les cours comme pour les jeux vidéo. Je passe ma journée sur écran. » Maxime s’étonne presque d’être sorti la veille pour remplir son frigo. « Ça faisait dix jours que je n’étais pas allé à plus de dix mètres de chez moi. » L’étudiant, originaire d’un village de la Drôme, mentionne la caissière du supermarché dans la liste de ses rares interactions. La fermeture des universités, fin octobre, puis leur réouverture timide
Alors que s’achèvera fin mai une seconde année universitaire empoisonnée par le Covid, la crise sanitaire pèse encore de tout son poids sur les conditions de vie des étudiants. Études, santé, vie sociale, ressources financières… Peu d’aspects de leur quotidien en sortent indemnes, alertait dès le printemps 2020 l’Observatoire national de la vie étudiante. L’isolement provoqué par la crise sanitaire, comme l’avenir embrumé, créent un climat peu propice aux études. Maxime constate qu’il a « plus de mal à rester concentré, à [s’]intéresser aux choses ». « J’ai un travail à rendre pour demain et j’ai dû demander un délai, illustre-t-il. C’est typique de ce qu’il se passe en ce moment : souvent, je n’arrive pas à m’y mettre. » Sans menacer la réussite de son année, ses partiels se sont « moyennement bien passés ». Maxime a « décroché de certaines matières », privilégié « celles qui [lui] font plaisir », comme pour adoucir la période. « Je mets de côté celles qui ne m’intéressent pas ou pour lesquelles les profs se contentent de balancer des pdf. » Quant aux stages qu’il avait décrochés avec l’aide d’une association qui épaule les jeunes issus des zones dites « périphériques », Chemin d’avenirs, ils sont tombés à l’eau coup sur coup.
Je me demande si ça va m’arriver un jour, d’avoir un groupe d’amis, une vie d’étudiante normale. J’ai l’impression d’être un peu empêchée de vivre.
À Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Mathilde, 19 ans, souffre de « l’improvisation » qui règne dans sa fac.