Un homme de 60 ans arrive le mardi 25 février à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Présentant de sérieuses difficultés respiratoires, il est testé positif au coronavirus et décède dans la nuit. Alors que l’épidémie se répand en Europe, la mort de ce premier malade français conduit le président de la République Emmanuel Macron à visiter l’établissement le lendemain. Le Covid-19 surgit dans des hôpitaux français plongés dans un mouvement social depuis plus d’un an. Manque de moyens, salaires trop bas, gestion comptable des lits, pénurie de personnels et cadences infernales... Le malaise est profond et rattrape le chef de l’État, alpagué pendant sa visite par un neurologue dont les mots, et le ton ferme, vont faire le tour des médias : « Il faut sauver l’hôpital public qui est en train de flamber à la même vitesse que Notre-Dame a failli flamber. » Il poursuit : « Le corps soignant dans son ensemble a fait tous les efforts nécessaires. Nous sommes au bout. »
Moins de trois mois plus tard, le 15 mai, Emmanuel Macron s’octroie une visite-surprise dans ce même hôpital de la Pitié-Salpêtrière où, comme dans tant d’autres, le virus a obligé les équipes à des efforts colossaux. À bout, les soignants le sont plus encore. Quelques jours plus tôt, le gouvernement a annoncé des « médailles de l’engagement » pour « les personnes qui se sont dévouées pendant la crise du Covid-19 ». Le retour du terrain est… courroucé. « Vous pensez qu’on a vraiment besoin d’une médaille ? », lui lance un représentant syndical, porte-voix de beaucoup de soignants. « Si vous n’en voulez pas, vous ne la prenez pas », tacle le chef de l’État, péremptoire. Mais plus loin, il se retourne en direction de celui qu’il a mouché : « La logique dans laquelle on va rentrer, c’est une logique de revalorisation des salaires. C’est un engagement. » Et, un peu plus tard, il formule même une sorte de mea culpa, concédant : « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée »