C’est une image qui a fait le tour du web. Six enfants de 3 ou 4 ans et une adulte sont dans une cour d’école à Tourcoing. Au sol, plusieurs carrés ont été dessinés à la craie : un enfant par case, tels des prisonniers d’une cellule imaginaire, tout droit sortis d’un film de Lars von Trier. Lionel Top, le journaliste qui a mis en ligne son cliché, commente ainsi : « Ambiance très étrange, voire dérangeante… Et si ces photos nous attristent, imaginez ce que ressentent les enseignants… “Ça me fait mal au cœur, vous n’imaginez pas”, me disait une instit. » La photo est tellement reprise sur les réseaux sociaux que Jean-Michel Blanquer se sent obligé de réagir. Vendredi, sur son compte Twitter, le ministre de l’Éducation criait à la « fausse information » parce que l’un des parents d’un enfant de la photo a expliqué à La Voix du Nord que son fils allait « très bien ».
Alors, qui a raison ? La vox populi qui s’indigne devant ces bouts de chou qui vont être traumatisés par une école qui n’a rien à voir avec celle qu’ils connaissaient avant l’épidémie ? Ou le ministre, qui voudrait nous raconter une belle histoire de réouverture des établissements scolaires qui s’est passée sans anicroche et, par là même, regagner le cœur d’Emmanuel Macron (selon les gazettes, l’intéressé n’est plus en odeur de sainteté du fait de ses multiples dérapages) ? Dit autrement : les enseignants ont-ils réussi à concilier l’inconciliable : recréer une ambiance propice à l’éveil et à l’apprentissage