Tempête sur le diocèse

Formé dans la puissante communauté de l’Emmanuel après avoir été inspecteur des impôts à Bercy, Mgr Rey règne depuis près d’un quart de siècle sur le diocèse de Fréjus-Toulon. Inspiré des recettes évangéliques qu’il puise outre-Atlantique, il le gère comme une entreprise, un laboratoire d’évangélisation pour lutter contre la déchristianisation qui menace d’après lui la société. En guise de pastorale, il promeut l’évangélisation des musulmans, la revirilisation des hommes et l’abstinence pour les chrétiens homosexuels. Il a été très investi dans la Manif pour tous. Proche d’hommes d’affaires, dont quelques milliardaires, en odeur de sainteté sous Benoît XVI, l’évêque stéphanois d’origine a longtemps paru intouchable. Mais depuis un an, le Vatican a mis le nez dans les affaires de son diocèse, où des communautés de toutes sortes sont accueillies avec un peu trop de largesses.

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Né en Algérie d’une mère juive, le père Claude Sirvent a fait son séminaire à la Mission de France, qui envoya jadis en mission tant de prêtres-ouvriers. Sauf qu’au lieu d’aller à l’usine, le clerc a revêtu l’uniforme bleu. Pénaliste, il s’est spécialisé dans la victimologie. Il est même passé par le ministère de l’Intérieur au moment des attentats du 13 Novembre. C’est donc en toute logique que, lorsqu’il a posé ses bagages et son celebret sur la Côte d’Azur, l’évêque des lieux, Mgr Dominique Rey, lui a proposé de reprendre la cellule de veille sur les abus sexuels et spirituels. En pleine crise avec Rome, il vient d’être remercié. Il faut dire que sa théologie ouverte inspirée des jésuites, proche du pape François, tranche avec le conservatisme au vernis moderne de l’évêque.

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Gilles Rebêche est un gars du peuple et du terroir varois. À ses dires, c’est l’Église catholique qui l’a sorti de la cité. Direction Toulon, où il envisage très jeune d’intégrer le clergé, avant de devenir volontaire à ATD Quart Monde. C’est la rencontre avec l’évêque de l’époque, Mgr  Gilles Barthe, qui réconcilie ses deux vocations :  le prélat lui propose de devenir diacre et de se consacrer pleinement au service de l’Église et des plus pauvres. C’est alors que naît la Diaconie du Var, qui vient de fêter ses quarante ans. Modèle original qui vise à mettre les exclus au cœur de l’Église, elle a survécu à trois évêques et été à l’origine d’une soixantaine de structures, à cheval sur le social et le cultuel. Un autre visage du diocèse occulté par les déconvenues de son évêque.

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Falk van Gaver a grandi dans le Var à partir de ses 7 ans, élevé dans une famille catholique traditionaliste divisée entre les partisans de Mgr Marcel Lefebvre, l’évêque intégriste excommunié, et ceux qui voulaient rester fidèles à Rome. Lui suit un autre chemin, s’orientant vers l’anarchisme chrétien mêlé à un certain conservatisme sociétal. C’est l’un des premiers, avant l’encyclique Laudato si’ du pape François, à parler d’« écologie intégrale ». De retour dans le diocèse après ses études à Paris, il rencontre le nouvel évêque, Mgr Dominique Rey, qui lui propose de faire partie de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon. Auteur de plusieurs livres, notamment des récits de voyage, il a fini par prendre ses distances avec la foi chrétienne.

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Cette communauté est née en 2005 à Toulon de la rencontre de deux hommes, Mgr Dominique Rey, issu de la communauté charismatique de l’Emmanuel, et l’abbé Fabrice Loiseau, prêtre traditionaliste passé par la communauté de l’évêque schismatique Mgr Lefebvre. Ainsi, les Missionnaires de la miséricorde divine sont « tradismatiques »  : ils aiment aussi bien la messe en latin que les louanges les mains en l’air. Leur charisme se concentre sur l’évangélisation, notamment des musulmans, ce pour quoi ils se forment en islamologie. Reconnaissables à leur soutane blanche et leur large ceinture noire, ils incarnent l’approche du rapport avec les musulmans défendue par le diocèse, celle d’une reconquête chrétienne de la société face à la croissance de l’islam.

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La fraternité Eucharistein voit le jour en 1996 en Suisse de l’inspiration divine de Nicolas Buttet, avocat et ancien élu du Parti démocrate-chrétien devenu ermite. L’évêque de Fréjus-Toulon accueille dans les années 2000 la communauté du prédicateur charismatique, bien inséré dans les milieux d’affaires. Vivant en communauté autour de l’adoration eucharistique et dans un style sobre franciscain, les frères et sœurs s’efforcent de vivre du fruit de leur travail, agricole et artisanal, et accueillent des personnes souvent fragiles. Cet îlot de paix a été frappé depuis quelques années par des révélations journalistiques et des enquêtes canoniques sur des dérives sectaires en son sein. Depuis la nomination en 2020 d’un nouveau modérateur général, la fraternité Eucharistein tente de trouver un nouveau souffle.

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