L’ancien gendarme au regard bleu intense croise les bras sur sa polaire pour se tenir chaud. Dans sa maison des Vosges, en bordure du village de La Houssière, le calme fait résonner sa peine et ses souvenirs. Thierry Verillotte, 58 ans, en retraite depuis trois ans, se résume par bribes : « Avec mon beau-fils, Mathieu, on avait de bonnes relations mais ce n’était pas le bordel à la maison. C’était carré » ; « Ça fait vingt ans que je le recherche. Je l’ai promis à mon épouse sur son lit de mort » ; « Je n’ai pas encore fait mes deuils, mes kilos c’est tout ce que j’ai gardé en moi. » Les faits remontent. Mais sa mémoire n’a jamais effacé la date du 31 mars 2004. C’était il y a vingt ans, quand la famille habitait encore dans les Hautes-Alpes.
Ce jour-là, le bulletin scolaire de Mathieu arrive par la Poste (lire l’épisode 1, « Disparus sans laisser de traces »). « Ma femme, Brigitte, n’arrive pas à croire ce qu’elle lit. Il faut voir les appréciations qui vont avec les notes. Personne ne nous avait prévenus qu’il décrochait. Il nous disait qu’il avait des 13, des 15 mais il ajoutait dix points. C’était un tissu de mensonges. » Le couple accuse d’autant plus la déception que Mathieu redouble. La mère veut tout de suite passer une soufflante à son fils. Thierry essaie de temporiser. Mais c’est plus fort qu’elle, elle l’appelle