Partout. Tout le temps. Sur toutes les antennes. Dans les journaux. Les mêmes mots, les mêmes thèmes, les mêmes têtes. De CNews à Europe 1 en passant par Le Journal du dimanche, dans un fascinant mouvement d’autodigestion, le message est seriné, ressassé, répété : votez RN, votez RN, votez RN. Ce dimanche soir, pour Vincent Bolloré, c’est le grand soir, celui qui verra, il l’espère, accéder au pouvoir cette extrême droite qu’il a couvée, fait grandir, propulsée au firmament. Le résultat d’années à racheter, contrôler, vider de l’intérieur, asservir, mettre à sa botte des médias : Canal+, i-Télé, Europe 1, Paris Match, Le JDD. Ce méthodique détournement de télés, radio, titres de presse au profit de son idéologie par Vincent Bolloré, Les Jours le révèlent depuis huit ans dans les séries L’empire et L’héritier. Ce dimanche soir, à 20 heures, il verra s’afficher le score du RN et saura si son pari est gagné totalement ou partiellement : il aura tout fait, tout donné.
On a pu en 1981 voir se décomposer le visage de Jean-Pierre Elkabbach en même temps que ligne à ligne se dessinait celui de François Mitterrand. On a pu voir TF1 oublier à l’antenne une coupe de champagne pour fêter la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007. On a toujours vu la télé, média de masse s’il en est, rouler éhontément à droite, au centre, et, en réalité, du côté du manche. Mais on n’avait jamais vu un groupe de médias se mettre ainsi, à ciel ouvert, au service de l’extrême droite.