Cédric Baccéi raconte sa dernière mission chez SFR. Il opte pour une description clinique, comme pour s’extraire de la scène. Il dit en détachant chaque mot : « J’ai fait une près’ [une présentation, ndlr] destinée à expliquer à mes collègues comment ils allaient être remplacés par des ordinateurs. » Il conclut d’un « voilà ». Cédric se souvient s’être appliqué à faire ce travail. Son chef lui avait demandé « un truc qui claque ». Il a donc fait « une belle animation vidéo ». Il se souvient surtout du moment où son directeur a présenté ce clip devant un parterre de collègues au siège social de SFR à Saint-Denis, en proche banlieue parisienne. Il y avait « une musique rythmée ». Et soudain, son récit se fait moins clinique. Il raconte « la honte ». « Je n’avais qu’une peur, c’est qu’il cite mon nom. C’est ce qu’il a fait. » « Une horreur. » Quelques semaines plus tard, Cédric a quitté SFR en prenant le plan de départs volontaires. Il avait « dix-huit ans de boîte ». Son poste de chef de projet était supprimé, il le savait depuis des mois. Comme ceux dont il avait mis en scène la suppression pour sa « prés’ ». Comme un tiers des emplois chez SFR cette année-là.
La gorge de Cédric est aujourd’hui dénouée. Il se dit que « tout ça », avec le recul, « s’est transformé en opportunité ». Il s’invente une nouvelle vie professionnelle. À 43 ans, marié, père de deux enfants, Cédric est au chômage mais il