Des quantités inédites de déchets déversées dans Toulouse lors d’une manifestation agricole, le 16 janvier (avec, à la clé, une facture colossale) ; un attentat– revendiqué par des viticulteurs – dans la nuit du 18 au 19 janvier à Carcassonne contre le service de l’État chargé de piloter les politiques environnementales en Occitanie, la Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) ; plusieurs grands axes routiers coupés par des agriculteurs dans le Sud-Ouest, jusqu’au drame de ce mardi 23 janvier : une agricultrice d’une trentaine d’années qui participait au blocage de la RN20 à Pamiers, en Ariège, a été tuée par un automobiliste qui l’a percutée à proximité d’une structure en bottes de paille. Son mari et sa fille sont gravement blessés. Le mouvement de protestation agricole qui s’étend dans toute l’Europe depuis la mi-janvier connaît un succès particulier en Occitanie. Fin 2023, c’était déjà dans le Tarn qu’avait démarré l’initiative agricole consistant à retourner les panneaux d’entrée des villes pour afficher le ras-le-bol de la profession (« On marche sur la tête »). C’était encore dans la région que des viticulteurs avaient revendiqué la tentative d’incendie d’une usine d’embouteillage de l’Aude ou bloqué des axes routiers dans les Pyrénées-Orientales.
Ceux qui ont posé cette bombe sont des héritiers des révoltes vigneronnes. Le problème, c’est qu’ils n’ont conservé de ces mouvements anticipateurs que la nostalgie de l’action violente, pas la dénonciation de la surproduction ou de la spéculation, par exemple.
À l’échelle nationale, le mouvement est aujourd’hui considéré par la majorité présidentielle comme protéiforme et difficile à cerner.