C’est un très long rapport, de plus d’un millier de pages. Son seul résumé en contient une quarantaine, augmentée de chiffres et de graphiques. Il est publié ce lundi, en plein mois d’août, alors que des millions de personnes tentent de savoir si un génie argentin du football va ou non monter dans un jet privé en direction de Paris et alors qu’une crise sanitaire à rallonge limite nos libertés et brise notre capacité à nous projeter dans l’avenir. C’est pourtant ce rapport, consacré à la catastrophe climatique en cours, qui devrait retenir notre attention aujourd’hui et pour longtemps. Mais si. Car ce travail est non seulement la synthèse la plus exacte possible de ce que l’on sait du chaos climatique qui nous frappe, mais aussi une base de connaissances indispensables pour s’adapter et préserver à l’avenir nos fragiles conditions d’existence sur notre planète. Rien que ça.
Alors comptez sur nous pour nous pencher sur ce travail, comme on le fait depuis le début de cette série consacrée à la fin du monde. Le contexte. Ce rapport est l’œuvre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le Giec donc. Cette instance a été créée par les Nations unies en 1988 pour documenter et évaluer avec précision les changements climatiques liés aux activités humaines. Dans les films catastrophe, on aime réunir les meilleurs cerveaux dans une même pièce pour qu’ils comprennent ensemble la menace qui vient et trouvent les solutions qui conviennent. Dans la vraie vie, c’est pareil. Des centaines de chercheurs du monde entier spécialisés dans les sciences du climat ont donc travaillé bénévolement depuis 1988 pour le Giec et ont produit en tout six rapports, le cinquième datant de 2013 et le sixième étant diffusé ce jour.

Co-auteur avec quinze autres scientifiques d’un des chapitres de ce sixième rapport, l’océanographe Jean-Baptiste Sallée nous a raconté comment se sont déroulées ses trois années de travail : « Nous avons tous des expertises différentes et nous avons produit en fonction de notre domaine d’expertise précis une évaluation d’un sujet, en étudiant en profondeur des publications scientifiques, leurs résultats, leurs méthodologies. Ensuite, on a eu des réunions en groupe environ deux fois par semaine. Plusieurs brouillons de chaque chapitre ont été écrits et soumis à relecture à des experts extérieurs. À chaque fois, on a revu nos copies et on a répondu à tous les commentaires. »
Ce travail, bénévole, est extrêmement chronophage.