Le 16 mai 2023, quinze jours après le crash, le Cessna 206 bleu se tient à la verticale, le nez vers le bas, sur le sol de la forêt. Le pilote, Hernando Murcia, n’a vraisemblablement pas réussi à ralentir et à redresser l’axe de l’avion avant de s’écraser en pleine jungle colombienne (lire l’épisode 1, « Tombés du ciel »). Le fuselage brisé de l’appareil est planté comme un piquet, et son hélice est détachée. Edwin Paky, représentant de l’Organisation nationale des peuples indigènes de l’Amazonie colombienne, observe que la canopée, à une quarantaine de mètres au-dessus de l’épave, est pour ainsi dire intacte. C’est pour cela que les avions n’ont pas réussi à repérer le site du crash.
Il se rapproche du Cessna et l’odeur pestilentielle de la décomposition parvient alors jusqu’à ses narines. Il voit des corps à l’intérieur, dont la forêt tropicale a rapidement fait son affaire. Même si sa dépouille se résume pour l’essentiel à des ossements, Edwin Paky identifie à ses longs cheveux et à la forme de son corps la mère, Magdalena, membre de la tribu indigène Uitoto (lire l’épisode 2, « Une famille sous la loi de la jungle »). Et il reconnaît Hernando Murcia à son blouson de pilote.
À défaut de voir Hermán Mendoza, l’escorte de Magdalena et de ses quatre enfants, tous Edwin Paky ressent une vive douleur à l’estomac : « Au début, je n’arrivais pas à croire que quelqu’un avait pu survivre à ce crash. » Il prend note des coordonnées du site et va chercher de l’aide.