Labelle, Noir Anima (Infiné, 2023)
Il y avait jusqu’à récemment un festival électronique en plein milieu du cirque de Mafate, à La Réunion. Pour y arriver, il fallait descendre à pied et marcher trois heures et demie depuis le col des Bœufs, ou remonter la rivière des Galets en 4x4 avant de finir à pied, destination Aurère. Jérémy Labelle a souvent fait le chemin avec son matériel sur le dos – et un bout de celui des autres, un festival comme ça est une affaire collective. Des enceintes, des platines, des machines, des câbles, à boire et à manger. Aurère, c’est le genre de coin où il ne faut pas oublier quelque chose d’important, mais une fois sur place, c’est un sentiment de liberté qui s’impose. Le cirque de Mafate entier devient un immense terrain de jeu pour la musique, qui rebondit sur toutes les parois et s’entend très loin. Les randonneurs qui découvrent qu’il y a une fête techno dans le jardin n’apprécient pas tous, mais la jeunesse de La Réunion aussi a le droit de décompresser en musique.
C’est là, dans la nature puissante du cœur de son île, que la musique de Labelle trouve son sens depuis ses débuts en 2013. On a déjà raconté il y a trois ans (lire l’épisode 67 de la saison 1,