Donato Dozzy, Magda (Spazio Disponibile, 2024)
Il y a un vieux débat dans le monde de la musique, une discussion faite pour être irrésolue à jamais, qui s’interroge sur le lien systématique entre un lieu et la musique qui y est créée. Les interviews demandent ainsi souvent aux artistes s’ils sont influencés par leur ville, le lieu de leur enfance ou la cabane où leur nouvel album a vu le jour. Certains et certaines disent qu’iels restent les mêmes où qu’iels soient, quand d’autres, comme Bill Ryder-Jones, dont je parlais récemment dans cette chronique (lire l’épisode 20, « Bill Ryder-Jones et Lou Reed, la ville devant soi »), ont besoin de ne faire qu’un avec leur environnement pour y trouver l’inspiration. Depuis vingt ans, le producteur électronique italien Donato Scaramuzzi, alias Donato Dozzy, est sans aucun doute de cette seconde catégorie, lui qui n’a fait que mettre en sons les lieux dans lesquels il s’est trouvé ou dont il rêve encore pour donner corps à sa techno atmosphérique régulièrement somptueuse.
Magda, son onzième long format, est une apogée dans cette démarche, qui concentre la capacité de Dozzy à créer une musique très personnelle, très évocatrice de lieux autant que d’histoires, tout en laissant affleurer une culture musicale très profonde. La Magda du titre, c’est une tante inspirante de Donato Scaramuzzi, la petite cinquantaine aujourd’hui, qui a grandi dans la petite ville de San Felice Circeo, sur la côte méditerranéenne entre Rome et Naples.